La culture du tabac en France représente une activité agricole spécialisée encadrée par des réglementations strictes et des quotas européens. Cette production, concentrée dans certaines régions françaises, nécessite un savoir-faire technique particulier et s'inscrit dans une filière organisée autour de coopératives et de contrats avec les industriels du secteur.
La culture du tabac se distingue des autres productions agricoles par ses contraintes réglementaires spécifiques. Les exploitants doivent obtenir une autorisation de culture délivrée par FranceAgriMer et respecter des quotas de production fixés au niveau européen. Cette activité demande une expertise technique pointue, notamment pour la conduite des plants en pépinière, la transplantation, les traitements phytosanitaires spécialisés et les techniques de séchage.
Les variétés cultivées comprennent principalement le tabac brun, le tabac blond et le tabac d'Orient. Chaque type nécessite des techniques culturales adaptées, des conditions climatiques spécifiques et des méthodes de séchage différenciées. Le tabac brun représente historiquement la production principale française, tandis que le tabac blond s'est développé plus récemment.
La culture s'étend sur environ six mois, de la préparation des semis en février-mars jusqu'à la récolte en août-septembre. Les producteurs doivent maîtriser les techniques de multiplication en pépinière, de repiquage mécanisé, d'effeuillage et d'écimage. Le séchage constitue une étape cruciale nécessitant des infrastructures spécialisées comme les séchoirs à air chaud ou les hangars de séchage naturel.
La production française se concentre principalement dans trois régions. L'Alsace représente environ 60% de la production nationale avec près de 2 500 hectares cultivés. Le Sud-Ouest, notamment les départements du Lot-et-Garonne et de la Dordogne, compte environ 800 hectares. La région PACA, centrée sur le Vaucluse, maintient une production d'environ 300 hectares.
| Région | Surface (hectares) | Production (tonnes) | Nombre d'exploitations | 
|---|---|---|---|
| Alsace | 2 500 | 6 000 | 450 | 
| Sud-Ouest | 800 | 1 800 | 180 | 
| PACA | 300 | 600 | 80 | 
Le chiffre d'affaires de la filière tabacole française s'élève à environ 45 millions d'euros annuels. Les prix garantis par contrat oscillent entre 4,50 et 5,50 euros le kilogramme selon les variétés et la qualité. Cette rentabilité attractive compense les investissements importants nécessaires en bâtiments de séchage et matériel spécialisé.
Les exploitations de culture du tabac relèvent de la convention collective nationale des exploitations agricoles et entreprises assimilées (IDCC 7001). Cette convention, applicable depuis 1992, définit les conditions d'emploi, de rémunération et de formation pour les salariés agricoles permanents et saisonniers.
Le secteur emploie environ 2 000 personnes en équivalent temps plein, réparties entre exploitants familiaux et salariés. L'activité génère un besoin important en main-d'œuvre saisonnière lors des périodes de repiquage et de récolte. Les coopératives tabacoles proposent des formations spécialisées pour maintenir l'expertise technique nécessaire.
Les producteurs de tabac sont soumis à un cadre réglementaire strict géré par FranceAgriMer. L'autorisation de cultiver le tabac impose le respect de quotas individuels, la contractualisation avec des acheteurs agréés et la déclaration des surfaces et productions. Les contrôles portent sur le respect des bonnes pratiques culturales, l'utilisation des produits phytosanitaires autorisés et la traçabilité complète de la production.
La culture du tabac doit respecter les directives européennes sur l'usage des pesticides et la protection des eaux. Les exploitants appliquent des cahiers des charges précis incluant la rotation des cultures, la gestion des effluents de séchage et la limitation des intrants. Ces contraintes s'inscrivent dans une démarche de production durable encouragée par les pouvoirs publics.
Les revenus tabacoles bénéficient du régime fiscal agricole standard, mais les producteurs doivent déclarer précisément leurs ventes auprès des services douaniers. Cette obligation découle du statut particulier du tabac en tant que produit soumis à accises.
La filière tabacole française fait face à plusieurs enjeux majeurs. La réduction progressive des quotas européens pousse les producteurs vers une recherche constante de qualité et de productivité. L'évolution des habitudes de consommation et les politiques de santé publique influencent directement les débouchés de la production.
Certains producteurs explorent des voies de diversification comme la production de tabac destiné à l'industrie cosmétique ou pharmaceutique. Les recherches portent également sur les variétés à faible teneur en nicotine et sur l'optimisation des techniques de séchage pour réduire la consommation énergétique.
Le vieillissement des exploitants constitue un défi majeur pour la pérennité de la filière. Les organisations professionnelles développent des programmes d'accompagnement pour favoriser l'installation de jeunes producteurs et maintenir l'expertise technique indispensable à cette culture spécialisée.