L'élevage d'ovins et de caprins représente une activité agricole traditionnelle majeure en France, regroupant l'élevage de moutons, brebis, chèvres et boucs destinés à la production de viande, de lait et de laine. Cette filière, profondément ancrée dans le patrimoine rural français, génère un chiffre d'affaires annuel de plus de 800 millions d'euros et emploie directement près de 50 000 personnes sur l'ensemble du territoire national.
La France compte aujourd'hui environ 7,2 millions d'ovins et 1,3 million de caprins répartis dans plus de 40 000 exploitations spécialisées. Le secteur ovin français se positionne au deuxième rang européen derrière le Royaume-Uni, tandis que l'élevage caprin occupe la cinquième position continentale.
Les régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine concentrent près de 45% du cheptel ovin national, particulièrement dans les départements de l'Aveyron, des Pyrénées-Atlantiques et de la Lozère. L'élevage caprin se développe principalement dans le Centre-Val de Loire, les Pays de la Loire et la région Nouvelle-Aquitaine, avec une forte concentration dans les zones de production fromagère AOC.
L'activité se décline en plusieurs orientations productives distinctes : la production de viande d'agneau et de chevreau, l'élevage laitier pour la fabrication de fromages, et dans une moindre mesure, la production de laine. Les systèmes mixtes lait-viande représentent environ 30% des exploitations ovines françaises.
L'élevage ovin suit un cycle reproductif saisonnier avec des mises bas concentrées au printemps et en automne. La gestation dure 5 mois chez les ovins et les caprins, permettant théoriquement deux agnelages par an. Les éleveurs adaptent leurs calendriers selon les débouchés commerciaux, notamment pour répondre à la demande pascale et de fin d'année.
La conduite d'un élevage ovin-caprin requiert une expertise vétérinaire pointue pour maîtriser les pathologies spécifiques comme la tremblante du mouton, l'arthrite encéphalite caprine ou les mammites. La prophylaxie représente un enjeu économique majeur, avec des coûts sanitaires moyens de 15 à 25 euros par tête et par an.
| Type d'élevage | Productivité moyenne | Durée d'élevage | Prix de vente moyen |
|---|---|---|---|
| Agneau de bergerie | 35-40 kg vif | 3-4 mois | 6-8 €/kg carcasse |
| Chevreau | 15-18 kg vif | 2-3 mois | 8-12 €/kg carcasse |
| Lait de brebis | 150-200L/lactation | 5-6 mois | 1,20-1,50 €/litre |
| Lait de chèvre | 600-800L/lactation | 10 mois | 0,65-0,85 €/litre |
Les exploitations d'élevage ovin et caprin employant des salariés relèvent de la Convention collective nationale des exploitations agricoles et des CUMA (IDCC 0999), signée le 10 février 1984. Cette convention couvre l'ensemble des activités agricoles incluant l'élevage, la polyculture-élevage et les travaux agricoles.
Les exploitants relèvent du régime social agricole géré par la Mutualité Sociale Agricole (MSA). Le statut de chef d'exploitation permet de bénéficier du dispositif d'aide à l'installation des jeunes agriculteurs (DJA) et des aides européennes de la Politique Agricole Commune (PAC), représentant en moyenne 25% du revenu des exploitations ovines.
Tous les ovins et caprins doivent être identifiés dès la naissance par un système de double marquage : boucles auriculaires et puce électronique depuis 2010. Les éleveurs tiennent obligatoirement un registre d'élevage et déclarent leurs mouvements d'animaux dans la base de données nationale SIGAL (Système d'Information de la Généalogie des Animaux de Rente).
La réglementation impose des visites sanitaires régulières, la tenue d'un registre de soins et le respect de temps d'attente pour les traitements médicamenteux. Les installations doivent respecter les normes de bien-être animal définies par la directive européenne 98/58/CE, transposée en droit français par l'arrêté du 25 octobre 1982.
Les élevages de plus de 500 ovins ou 250 caprins sont soumis à la réglementation des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE). Ils doivent respecter des règles strictes concernant la gestion des effluents, l'épandage et les distances d'implantation par rapport aux habitations.
La consommation française d'agneau stagne autour de 3,4 kg par habitant et par an, tandis que celle de fromage de chèvre progresse régulièrement (+2% annuel). Les circuits courts et la vente directe se développent, représentant désormais 15% des débouchés pour les élevages ovins-caprins de moins de 100 têtes.
Le secteur fait face à plusieurs enjeux majeurs : la volatilité des prix des matières premières, la pression foncière, et les attentes sociétales en matière d'environnement. L'agriculture biologique progresse rapidement, avec 18% des exploitations ovines et 12% des caprines converties ou en conversion vers ce mode de production.
L'exercice professionnel nécessite généralement un BPREA (Brevet Professionnel Responsable d'Exploitation Agricole) ou un BTSA Productions Animales. Les formations courtes comme le CS (Certificat de Spécialisation) conduite d'élevage ovin ou caprin complètent efficacement les cursus généraux.
Au-delà de l'élevage proprement dit, la filière génère de nombreux emplois indirects : techniciens d'élevage, inséminateurs, fromagers, commerciaux en alimentation animale, vétérinaires spécialisés et conseillers agricoles. Les coopératives laitières emploient également plusieurs milliers de salariés dans la collecte et la transformation du lait de brebis et de chèvre.