Le code NAF 1814Z englobe les activités de reliure traditionnelle et industrielle, ainsi que l'ensemble des services connexes de finition d'imprimés. Cette classification regroupe des entreprises allant de l'artisan relieur spécialisé dans la restauration de livres anciens aux sociétés industrielles proposant des services de façonnage pour l'édition et la communication d'entreprise.
La reliure traditionnelle constitue le cœur historique de cette activité. Elle comprend la reliure de livres neufs, la restauration d'ouvrages anciens et la création de reliures sur mesure. Les artisans relieurs utilisent des techniques ancestrales comme la couture manuelle, le dorure à chaud et l'utilisation de cuirs nobles. Cette spécialité requiert un savoir-faire particulier et s'adresse principalement aux bibliothèques, collectionneurs et institutions patrimoniales.
Le façonnage industriel représente la majeure partie du chiffre d'affaires du secteur. Il inclut la reliure spirale, la reliure à anneaux, le pelliculage, le vernissage sélectif et la découpe. Ces activités s'adressent aux imprimeurs, éditeurs et entreprises nécessitant des finitions professionnelles pour leurs documents commerciaux, catalogues et rapports annuels.
Les entreprises du secteur proposent également des services de marquage à chaud, gaufrage et sérigraphie pour personnaliser les couvertures et créer des effets visuels spécifiques. Ces prestations répondent aux besoins croissants de différenciation des supports de communication.
Le secteur de la reliure en France compte environ 180 entreprises employant près de 1 200 salariés. Le chiffre d'affaires global s'élève à approximativement 95 millions d'euros. La majorité des entreprises sont des TPE et PME familiales, avec une forte concentration en région parisienne et dans les bassins traditionnels d'imprimerie comme Lyon, Toulouse et Lille.
| Taille d'entreprise | Nombre d'entreprises | Part du CA total |
|---|---|---|
| 1 à 9 salariés | 140 | 35% |
| 10 à 49 salariés | 35 | 45% |
| 50 salariés et plus | 5 | 20% |
L'Île-de-France concentre 30% des entreprises du secteur, suivie par Auvergne-Rhône-Alpes avec 18% et les Hauts-de-France avec 12%. Cette répartition reflète la proximité nécessaire avec les donneurs d'ordres que sont les imprimeurs et éditeurs.
Les entreprises de reliure relèvent de la Convention collective nationale de l'imprimerie de labeur et des industries graphiques (IDCC 0184). Cette convention, signée le 10 juillet 1956 et régulièrement mise à jour, couvre l'ensemble des activités graphiques incluant la reliure et le façonnage.
La convention définit des classifications particulières pour les métiers de la reliure, depuis l'ouvrier façonnier niveau I jusqu'au relieur hautement qualifié niveau VI. Les salaires minimaux sont revalorisés annuellement et tiennent compte de la technicité requise pour certaines opérations comme la dorure ou la restauration.
Le secteur bénéficie d'un dispositif de formation spécialisé avec le CAP Arts de la reliure, le Brevet des Métiers d'Art reliure-dorure et le BTS Communication et industries graphiques option étude et réalisation de produits graphiques. Plusieurs centres de formation comme l'École Estienne à Paris forment chaque année une cinquantaine de nouveaux professionnels.
Les entreprises de reliure sont soumises aux réglementations sur l'utilisation de solvants et colles. La directive européenne COV (Composés Organiques Volatils) impose des seuils d'émission stricts, particulièrement pour les ateliers utilisant des vernis et colles à base de solvants.
Les risques professionnels incluent l'exposition aux produits chimiques, les troubles musculo-squelettiques liés aux gestes répétitifs et les accidents de manipulation des massicots. Les entreprises doivent mettre en place des équipements de protection individuelle et respecter les normes de ventilation des locaux.
Le secteur connaît une transformation numérique avec l'adoption de logiciels de gestion de production permettant un suivi en temps réel des commandes. Les machines de façonnage intègrent désormais des systèmes de contrôle qualité automatisés et de traçabilité des lots.
Face au déclin du marché traditionnel du livre, les entreprises se diversifient vers le packaging de luxe, la PLV (Publicité sur Lieu de Vente) et les objets promotionnels. Cette évolution nécessite l'acquisition de nouvelles compétences techniques et commerciales.
Le principal défi du secteur reste la contraction du marché de l'édition traditionnelle, compensée partiellement par la croissance de l'édition à la demande et des besoins en communication corporate. L'enjeu environnemental pousse les entreprises vers des solutions éco-responsables avec l'utilisation de colles végétales et papiers recyclés.
Les entreprises qui prospèrent misent sur la spécialisation technique et l'innovation, notamment dans les finitions haut de gamme et les solutions sur mesure. L'intégration verticale avec des services d'impression numérique devient également une stratégie de développement prisée pour proposer une offre globale aux clients.