La fabrication de ciment représente une industrie stratégique en France, regroupant les entreprises spécialisées dans la production de ciment hydraulique, matériau de base indispensable au secteur de la construction. Cette activité, codifiée sous le NAF 2351Z, englobe la transformation de matières premières calcaires et argileuses en clinker, puis en ciment fini destiné aux marchés du bâtiment et des travaux publics.
La fabrication de ciment suit un processus complexe en plusieurs étapes distinctes. L'extraction des matières premières constitue la première phase, avec l'approvisionnement en calcaire, argile, sable et minerai de fer depuis les carrières. Ces matériaux subissent ensuite un broyage fin pour obtenir un mélange homogène appelé 'cru'.
Le cru passe dans des fours rotatifs atteignant des températures de 1450°C, transformant la matière en clinker. Cette phase de cuisson représente l'étape la plus énergivore du processus. Le clinker refroidi est ensuite broyé avec du gypse et d'éventuels ajouts pour produire différents types de ciment selon les normes européennes.
Les cimenteries françaises produisent principalement des ciments Portland (CEM I), des ciments composés (CEM II) et des ciments de haut fourneau (CEM III). Chaque type répond à des applications spécifiques dans la construction, de l'habitat individuel aux grands ouvrages d'art.
L'industrie cimentière française compte environ 35 sites de production répartis sur le territoire national. Le secteur génère un chiffre d'affaires annuel de près de 2,8 milliards d'euros et emploie directement plus de 5 000 salariés. La production nationale s'élève à environ 17 millions de tonnes de ciment par an.
Le marché français est dominé par quelques groupes internationaux majeurs. LafargeHolcim détient la première position avec environ 35% de parts de marché, suivi par Heidelberg Materials et Eqiom. Cette concentration reflète les importants investissements nécessaires pour maintenir des installations industrielles compétitives.
| Région | Nombre d'usines | Production annuelle (millions de tonnes) |
|---|---|---|
| Auvergne-Rhône-Alpes | 8 | 4,2 |
| Nouvelle-Aquitaine | 6 | 3,1 |
| Grand Est | 5 | 2,8 |
| Occitanie | 4 | 2,1 |
Les entreprises du secteur relèvent de la Convention collective nationale des industries de carrières et de matériaux de construction (IDCC 0087), signée le 12 juillet 1955. Cette convention couvre l'ensemble des activités d'extraction et de transformation des matériaux de construction, incluant spécifiquement la fabrication de ciment.
La convention prévoit des classifications professionnelles adaptées aux métiers de la cimenterie, allant des opérateurs de production aux techniciens de maintenance spécialisés. Les conditions de travail tiennent compte des contraintes industrielles, notamment le travail en équipes et les environnements à haute température.
Le secteur privilégie la formation continue pour accompagner les évolutions technologiques. Les entreprises investissent massivement dans la qualification de leurs salariés, particulièrement sur les aspects de sécurité, d'automatisation et de respect environnemental.
L'industrie cimentière fait face à des défis environnementaux majeurs, étant responsable d'environ 8% des émissions mondiales de CO2. En France, le secteur s'engage dans une démarche de réduction de son empreinte carbone avec des objectifs ambitieux de neutralité carbone à l'horizon 2050.
Toutes les cimenteries sont soumises à la réglementation des Installations Classées pour la Protection de l'Environnement (ICPE) sous le régime d'autorisation. Elles doivent respecter des seuils stricts d'émissions atmosphériques, de consommation d'eau et de gestion des déchets.
Les cimentiers développent l'utilisation de combustibles alternatifs issus de déchets, permettant de substituer jusqu'à 70% des combustibles fossiles traditionnels. Cette valorisation énergétique contribue à l'économie circulaire tout en réduisant les coûts de production.
Le secteur investit massivement dans la recherche et développement pour développer de nouveaux liants moins carbonés. Les technologies de captage et stockage du CO2 font l'objet d'expérimentations industrielles prometteuses sur plusieurs sites français.
L'industrie 4.0 transforme progressivement les cimenteries avec l'intégration d'intelligence artificielle pour optimiser les process de cuisson et réduire les consommations énergétiques. Ces innovations permettent des gains de productivité substantiels tout en améliorant la qualité des produits.
Le développement des ciments bas carbone ouvre de nouvelles perspectives commerciales, notamment pour les projets de construction durable. Les cimentiers français renforcent leurs positions sur les marchés de spécialités à plus forte valeur ajoutée, compensant la relative maturité du marché domestique traditionnel.