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Annualisation du temps de travail

Mise à jour 06/10/2025 Ressources humaines

Annualisation du temps de travail : définition et mise en œuvre

Concept et objectifs

L'annualisation du temps de travail consiste à répartir le volume d'heures de travail d'un salarié sur une période de référence d'une année civile (ou, dans certains cas, une durée collective négociée) afin d'adapter le temps de travail aux fluctuations d'activité de l'entreprise. L'objectif est d'accroître la flexibilité opérationnelle - sans modifier la durée annuelle de travail prévue - en concentrant des semaines plus longues pendant les pics d'activité et des semaines plus courtes lors des creux.

Cadre légal et limites

La mise en œuvre doit respecter le cadre légal : la durée légale annuelle correspond à une moyenne hebdomadaire de 35 heures. Au quotidien, les limites individuelles demeurent : 10 heures maximum par jour et en principe 48 heures maximum sur une semaine, avec possibilité de dérogation encadrée (jusqu'à 60 heures dans des cas très limités et sous conditions). Les heures effectuées au-delà de la durée conventionnelle ou du seuil hebdomadaire donnent lieu au paiement d'heures supplémentaires ou à des contreparties prévues par l'accord.

Distinctions importantes

  • Annualisation vs forfait annuel : l'annualisation porte sur la modulation hebdomadaire au sein d'une référence annuelle ; le forfait annuel (en heures ou en jours) est un mode de rémunération et d'organisation distinct.
  • Période de référence : habituellement 12 mois ; des extensions (par accord collectif) peuvent prévoir une période plus longue sous conditions.

Modalités pratiques de mise en place

La mise en place repose sur des étapes formelles et des garanties pour les salariés :

  • Diagnostic d'activité : cartographier les variations saisonnières ou périodiques (ex. tourisme, commerce, agriculture, centres d'appels).
  • Négociation : conclure un accord d'entreprise ou une convention collective qui précise la période de référence, les modalités de modulation, les limites journalières et hebdomadaires, les contreparties et les règles de rémunération.
  • Consultation du CSE : informer et consulter le comité social et économique sur le projet.
  • Élaboration d'un calendrier annuel : planifier, avant le début de la période, la répartition des semaines à plus ou moins forte charge ; ce calendrier sert de référence pour le salarié.
  • Information des salariés : communication individuelle du calendrier et prévenance en cas de modification (délai d'information à respecter selon l'accord ou la loi).
  • Suivi et contrôle : système de suivi des heures, bulletin de paie clair et respect des obligations sociales et fiscales.

Rémunération et garanties

Deux approches courantes coexistent pour la rémunération :

  • Une rémunération fixe garantie indépendamment des variations hebdomadaires, assurant la stabilité du salaire même pendant les périodes creuses.
  • Une rémunération variable liée aux heures réellement effectuées, avec paiement des heures supplémentaires et majorations quand elles s'appliquent.

Quel que soit le choix, les modalités doivent être explicitement inscrites dans l'accord d'entreprise ou la convention collective. L'annualisation ne doit pas supprimer les droits individuels (repos hebdomadaire, jours fériés, congés payés).

Exemples concrets et cas pratiques

  • Hôtel saisonnier : de mai à septembre, un employé peut travailler 42 heures/semaine pour faire face à l'affluence, compensées par 28 heures/semaine en basse saison ; la moyenne annuelle reste à 35 heures.
  • Commerce local : modulation hebdomadaire en fonction des périodes promotionnelles ; le calendrier annuel fixe les semaines creuses et les semaines de pointe.
  • Centre d'appels : roulement synchronisé sur l'année pour absorber les pics mensuels, avec paiement des heures supplémentaires selon l'accord.

Points de vigilance

  • Veiller à la clarté du calendrier et au respect des délais d'information aux salariés.
  • Documenter le suivi des heures et les contreparties (repos compensateur, majorations).
  • S'assurer de la conformité avec la convention collective applicable et d'éventuelles règles spécifiques sectorielles.

En résumé, l'annualisation du temps de travail est un outil de flexibilité adapté aux entreprises à activité fluctuante. Sa réussite dépend d'un cadrage juridique précis, d'un accord négocié, d'un calendrier transparent et d'un suivi rigoureux des droits salariés.