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Arrhes

Mise à jour 06/10/2025 Paiement

Arrhes : définition, fonctionnement et implications pratiques

Définition

Les arrhes sont une somme d'argent versée par un acheteur à un vendeur ou prestataire en vue de garantir une transaction future. Elles constituent un engagement provisoire et servent de gage de bonne foi entre les parties. Contrairement à un paiement définitif, les arrhes n’empêchent pas l’une ou l’autre des parties de se rétracter ; elles déterminent en revanche les conséquences financières de cette rétractation, selon les termes du contrat et les usages applicables.

Caractéristiques essentielles

Les points-clés à retenir :

  • Nature : avance à caractère facultatif, symbolique d’un engagement mais non absolu.
  • Effet juridique : permet aux parties de prévoir les conséquences d’un désistement (perte, remboursement, pénalité).
  • Formalisme : il est recommandé d’inscrire explicitement la mention « arrhes » dans le devis ou le contrat pour lever toute ambiguïté avec un acompte.
  • Montant : aucun pourcentage légal obligatoire - couramment 5-20 % selon le secteur; le chiffre de 10 % est un usage fréquent mais non imposé.
  • Comptabilité : enregistrées comme avances, elles n’intègrent pas immédiatement le chiffre d’affaires final tant que la vente n’est pas réalisée.

Conséquences en cas de rétractation

Les conséquences varient selon qui se rétracte et ce qui est prévu au contrat :

  • Si l’acheteur renonce : il perd généralement les arrhes versées (elles sont conservées par le vendeur à titre d’indemnité).
  • Si le vendeur renonce : il doit au minimum restituer les arrhes. Dans de nombreux usages ou clauses contractuelles il peut être tenu de verser une indemnité complémentaire (par exemple un remboursement majoré), si cela est prévu contractuellement.
  • Si le contrat est explicite : les clauses prévues priment, sous réserve de leur conformité au droit applicable.

Différence avec l'acompte

Il est essentiel de distinguer les arrhes de l’acompte :

  • L’acompte est un paiement partiel qui engage définitivement les deux parties - la vente est considérée comme conclue et non rétractable sans conséquence (paiement du solde ou dommages-intérêts en cas de rupture).
  • Les arrhes, en revanche, offrent une liberté de renonciation à l’une ou l’autre des parties, avec des conséquences spécifiques prévues par la convention.
  • La qualification dépend aussi de la mention portée sur le document commercial : l’absence de précision peut conduire à une interprétation litigieuse.

Exemples pratiques

  • Réservation d’un séjour hôtelier : un client verse 100 € d’arrhes pour une prestation à 1 000 €. Si le client annule, il perd les 100 €. Si l’hôtel annule, il restitue au minimum les 100 €, et peut devoir une indemnité complémentaire si la clause contractuelle le prévoit.
  • Fabrication de mobilier sur mesure : le client verse 20 % d’arrhes pour lancer la production. Si le fournisseur renonce après démarrage, il rembourse les arrhes et indemnise le client selon l’accord. Si le client se désiste avant production, il perd la somme versée.
  • Vente en B2B : une entreprise inscrit explicitement « acompte » sur le devis ; le paiement devient irrévocable et le contrat engage les deux parties, ce qui illustre l’importance de la mention.

Bonnes pratiques contractuelles

Pour prévenir les litiges, il est recommandé :

  • d’indiquer clairement sur le devis ou la facture si la somme versée est des arrhes ou un acompte ;
  • d’expliciter les conséquences financières d’une annulation (forfait, remboursement simple ou majoré) dans une clause dédiée ;
  • d’anticiper le calendrier et les conditions de restitution ou de conservation des sommes versées.

Conclusion

Les arrhes sont un instrument contractuel souple pour sécuriser une transaction tout en laissant une possibilité de rétractation. Leur bonne gestion repose sur une rédaction claire du contrat, la distinction nette avec l’acompte et la précision des conséquences en cas de désistement. En cas d’incertitude, la rédaction d’une clause explicite permet de réduire les risques de contentieux.