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Bon du Trésor

Mise à jour 06/10/2025 Finances

Bon du Trésor : définition, fonctionnement et usages

Définition générale

Un bon du Trésor est un titre de créance émis par l'État, par l'intermédiaire du Trésor public, pour se financer à court ou moyen terme. Il matérialise un emprunt contracté par l'État auprès d'investisseurs : en achetant un bon du Trésor, l'acheteur prête des liquidités à l'État en contrepartie d'un remboursement à l'échéance, éventuellement assorti d'intérêts. Les bons du Trésor constituent des instruments centraux du marché monétaire et servent à la gestion de trésorerie et au refinancement à brève échéance.

Caractéristiques principales

  • Maturité : généralement courte (quelques semaines à douze mois pour les BTF) ou moyenne (deux à cinq ans pour les anciens BTAN, aujourd'hui peu émis). Les obligations assimilables du Trésor (OAT) couvrent les maturités longues.
  • Prix et mode d'émission : la plupart des bons du Trésor sont vendus à escompte - cela signifie qu'ils sont émis en dessous de leur valeur nominale et remboursés au pair à l'échéance. Le prix est fixé lors d'adjudications organisées selon un calendrier préétabli.
  • Denominations et seuils : la coupure nominale peut être faible (par exemple 1 € pour certains BTF) tandis que les montants minimaux d'adjudication ou les tailles de lot destinées aux investisseurs institutionnels peuvent être plus élevés (ex. ordres exprimés par multiples comme 150 000 € selon les segments et règles d'adjudication).
  • Risque : risque de crédit très faible lorsque l'émetteur est l'État souverain, mais exposition au risque de taux et d'inflation ; la liquidité dépend de la maturité et du marché secondaire.

Exemple simple de fonctionnement

Supposons l'achat d'un bon d'une valeur nominale de 1 000 € vendu 995 € et remboursé à 1 000 € au terme de trois mois. Le gain nominal est de 5 €, soit un rendement simple de 5/995 ≈ 0,50 % pour la période. Annualisé, ce rendement est multiplié en fonction de la convention retenue, ce qui illustre le principe de l'escompte : l'investisseur gagne la différence entre prix d'achat et remboursement.

Types historiques et évolution

Traditionnellement, on distinguait les BTF (bons du Trésor à taux fixe et intérêt précompté) pour les courts termes et les BTAN pour le moyen terme. Le segment BTAN a été progressivement supprimé (dernier BTAN arrivé à échéance en 2017) ; depuis, la dette publique française se compose principalement d'OAT pour les maturités supérieures à deux ans et de BTF pour les maturités d'un an ou moins. Les OAT existent en versions à taux fixe, indexées (protection contre l'inflation) ou capitalisantes.

Modalités d'émission et acteurs

Les bons du Trésor sont généralement émis par adjudication centralisée, selon un calendrier trimestriel publié à l'avance. Les opérations primaires mobilisent des contreparties spécialisées - dealers et établissements financiers - mais l'accès est ouvert à diverses catégories d'investisseurs : banques, institutions financières, compagnies d'assurance, fonds de gestion monétaire, collectivités locales et investisseurs particuliers via des intermédiaires ou par le biais de produits de gestion collective (OPCVM, contrats d'assurance-vie).

Accessibilité et cas pratiques

  • Gestion de trésorerie d'entreprise : une société dispose d'un excédent ponctuel de 500 000 € ; elle place ce montant sur des BTF à trois mois via sa banque pour sécuriser sa trésorerie avec un faible risque et une liquidité adaptée.
  • Investisseur particulier : un particulier qui souhaite une exposition sûre aux titres d'État peut souscrire indirectement via un fonds monétaire ou un contrat d'assurance-vie qui détient des BTF et OAT, évitant ainsi le minimum d'adjudication et l'accès direct au marché primaire.
  • Gestion d'actifs : un gestionnaire de portefeuille utilise des OAT de différentes maturités pour réaliser un profil de duration et couvrir des passifs à long terme, tandis qu'il maintient une poche de BTF pour les besoins de liquidité.

Fiscalité, liquidité et risques

Sur le plan fiscal, les revenus tirés des titres d'État sont soumis, selon la domiciliation fiscale et la réglementation en vigueur, à l'imposition et aux prélèvements sociaux applicables. En France, des règles de taxation des produits de dette ont évolué ces dernières années (imposition au barème sous conditions, prélèvements sociaux, etc.). Côté liquidité, les BTF offrent une revente aisée grâce à la qualité de l'émetteur, mais leur très courte durée limite la constitution d'un marché secondaire profond. Les principaux risques à considérer sont le risque de taux (valeur des titres sensible aux variations des taux), le risque d'inflation (pouvoir d'achat des flux futurs) et, en cas d'événements extrêmes, le risque souverain.

Conclusion pratique

Le bon du Trésor est un instrument efficace pour placer des liquidités de manière sécurisée ou pour permettre à l'État de gérer ses besoins de trésorerie. Sa simplicité (remboursement au pair pour les titres à escompte), sa flexibilité en maturité et son intégration aux marchés monétaires en font un outil central pour les acteurs institutionnels et, indirectement, pour les investisseurs particuliers via la gestion collective.