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Compte courant d’associé

Mise à jour 06/10/2025 Finances

Compte courant d’associé - définition et usages en entreprise

Définition synthétique

Le compte courant d’associé est un poste du passif du bilan représentant les sommes mises à disposition d’une société par l’un ou plusieurs de ses associés (ou actionnaires). Il s’agit d’une avance de trésorerie consentie à l’entreprise qui conserve la nature d’une dette exigible envers l’associé. Ce mécanisme n’est pas un compte bancaire distinct pour l’associé mais un enregistrement comptable au titre des dettes à court terme.

Caractéristiques essentielles

Les caractéristiques suivantes définissent et encadrent le compte courant d’associé :

  • Nature juridique : c’est une créance de l’associé sur la société, classée au passif comme “dettes envers les associés”.
  • Modalités : les avances peuvent être faites en numéraire, en renonciation temporaire de sommes (dividendes, rémunérations) ou sous forme de compensation de créances.
  • Rémunération : les avances peuvent être rémunérées par des intérêts si une convention l’accorde entre les parties ; ces intérêts sont déductibles fiscalement sous conditions et doivent respecter les règles de mise en concurrence.
  • Conditions statutaires : selon la forme sociale (SARL, SAS, SA), les modalités et personnes autorisées à effectuer des apports peuvent varier et certaines formalités ou clauses statutaires s’appliquent.
  • Priorité : en cas de liquidation, les comptes courants sont remboursés après les créanciers externes, sauf clause d’éventuelle subordination.

Modalités comptables

En comptabilité, l’écriture classique à l’entrée d’une avance est : débit du compte bancaire (512) et crédit du compte courant d’associé (455). Lors du remboursement, l’écriture s’inverse. Si des intérêts sont versés, la société enregistre une charge financière et l’associé enregistre un produit financier. La tenue d’un document justificatif (protocole d’avance, décision en assemblée si nécessaire) est recommandée pour sécuriser la qualification fiscale et sociale.

Aspects juridiques et fiscaux

Le statut juridique dépend du droit des sociétés applicable et des statuts. La loi (notamment les évolutions récentes de 2019) a assoupli certaines conditions, mais il reste important de formaliser les avances : montant, durée, taux d’intérêt éventuel, conditions de remboursement. Fiscalement, les intérêts versés peuvent être soumis à retenue à la source selon la résidence fiscale de l’associé et sont déductibles pour la société sous réserve du respect des règles anti-abus et du caractère réel du prêt.

Exemples et cas pratiques

  • Cas 1 - SARL : deux associés avancent 30 000 EUR chacun pour couvrir un besoin de trésorerie avant la clôture. En comptabilité : débit compte banque 60 000 EUR / crédit comptes courants associés 455 (30 000 EUR x 2). Un accord écrit fixe l’absence d’intérêts et le remboursement sur 12 mois.
  • Cas 2 - SAS : un dirigeant-associé met à disposition 10 000 EUR pour financer un investissement. Les statuts n’imposant pas de condition particulière, la somme est enregistrée en compte courant. Les parties conviennent d’un taux d’intérêt commercial, formalisé par une convention.
  • Cas 3 - Conversion : un compte courant peut être transformé en augmentation de capital. La décision nécessite une assemblée générale, l’actualisation des statuts et des formalités légales (états financiers, rapport du commissaire aux apports si requis).

Risques, limites et bonnes pratiques

Risques principaux : l’impossibilité de remboursement en cas d’insuffisance d’actif, la requalification fiscale si les conventions ne sont pas formalisées, et des conflits entre associés sur l’ordre de remboursement. Bonnes pratiques :

  • Rédiger une convention d’avance précisant montant, durée, taux et conditions de remboursement.
  • Tenir des registres et pièces justificatives pour la preuve et la conformité fiscale.
  • Évaluer l’opportunité d’un traitement en quasi-fonds propres (subordination) en période de crise pour préserver la solvabilité.
  • Informer et valider en assemblée générale si les statuts l’exigent.

Conclusion

Le compte courant d’associé est un outil flexible et courant pour gérer la trésorerie d’une société, mais il impose rigueur comptable et formalisme juridique pour éviter litiges et redressements. Lorsqu’il est bien documenté, il permet d’apporter rapidement des ressources tout en préservant la structure du capital social.