Service privé et distinct du Registre National du Commerce et des sociétés tenues par les greffiers des tribunaux de commerce. Informations fournies par le Groupement d’intérêt économique des greffiers des tribunaux de commerce (G.I.E. INFOGREFFE)

Contrat de sécurisation professionnelle

Mise à jour 06/10/2025 Emploi

Contrat de sécurisation professionnelle (CSP) : définition, finalité et portée

Le contrat de sécurisation professionnelle (CSP) est un dispositif légal d'accompagnement individualisé destiné aux salariés victimes d'un licenciement économique. Son objectif principal est de faciliter et d'accélérer le retour à l'emploi par un parcours d'appui renforcé mêlant entretiens, actions de formation, mises en situation en entreprise et accompagnement administratif. Le CSP vise à sécuriser la transition professionnelle du salarié en offrant une indemnisation spécifique et un plan d'actions personnalisé, sous la coordination de Pôle emploi et de prestataires habilités.

Public éligible et conditions d'accès

Peuvent bénéficier du CSP les salariés licenciés pour motif économique lorsqu'ils remplissent les conditions ouvrant droit à l'allocation de retour à l'emploi (ARE). L'éligibilité dépend de la nature du contrat (principalement les CDI), de la durée d'affiliation suffisante pour bénéficier de l'ARE et de la situation de l'entreprise. Des exceptions existent : les salariés d'entreprises de plus de 1 000 salariés en bonne santé financière, soumis à des plans sociaux spécifiques, peuvent relever d'un congé de reclassement plutôt que du CSP.

  • Salariés en CDI licenciés pour motif économique et remplissant les conditions d'ouverture de droits à l'ARE.
  • Salariés protégés (représentants du personnel) : procédure particulière et délai prolongé du fait de l'intervention de l'autorité administrative.
  • Cas particuliers : rupture conventionnelle, départs volontaires et certaines catégories de contrats peuvent être exclus ou soumis à des règles spécifiques.

Procédure de mise en oeuvre et calendrier

L'employeur a une obligation d'information et de proposition du CSP au moment de notifier le licenciement économique au salarié éligible. Cette proposition doit accompagner le document d'information et préciser le contenu du dispositif, le délai de réflexion et la date de rupture du contrat de travail en cas d'acceptation. Le salarié dispose d'un délai de réflexion de 21 jours à compter de la proposition pour accepter ou refuser. En cas de silence, la proposition est réputée refusée.

  • Remise du document d'information lors de l'entretien préalable ou de la notification de licenciement.
  • Délai de 21 jours pour décider - délai prolongé si le dernier jour est férié ou si l'avis de l'administration est requis pour les salariés protégés.
  • Si l'employeur ne propose pas le CSP alors qu'il y est tenu, Pôle emploi peut le proposer au salarié inscrit ; le salarié dispose également de 21 jours à compter de son inscription.

Acceptation : conséquences juridiques et opérationnelles

En cas d'acceptation, la rupture du contrat de travail est constatée d'un commun accord : le contrat est rompu et le bénéficiaire intègre le parcours CSP. L'acceptation engage le salarié à participer activement aux actions proposées (entretiens, formations, missions en entreprise). L'employeur ne peut plus revenir unilatéralement sur la rupture après signature du CSP : la signature du bénéficiaire prime sur le contrat de travail antérieur, et toute modification nécessite l'accord du salarié.

Refus : effets et alternatives

Le salarié peut refuser le CSP sans préjudice. En cas de refus, la procédure de licenciement économique suit son cours et le salarié conserve les droits classiques (indemnité de licenciement, indemnité compensatrice de préavis si applicable, indemnité compensatrice de congés payés, ARE). Le choix de refuser peut être motivé par des raisons financières ou de projet professionnel : le salarié doit peser les avantages comparés de l'ASP et des droits classiques.

Contenu de l'accompagnement et obligations du bénéficiaire

Le CSP propose un accompagnement individualisé structuré autour d'un entretien individuel initial, d'un plan d'actions de reclassement, et d'un suivi régulier. Le plan définit des actions concrètes : bilans de compétences, formations certifiantes ou qualifiantes, periods de mise en situation en milieu professionnel (stages ou missions), aide à la recherche d'emploi et à la mobilité, actions de validation des acquis, et accès à des ateliers de préparation aux entretiens.

  • Entretien initial - bilan des compétences et construction d'un projet professionnel (doit se tenir dans les 8 jours suivant l'acceptation).
  • Actions de formation adaptées au projet : certifiantes, qualifiantes ou remises à niveau.
  • Missions en entreprise rémunérées - contrats courts (3 jours à 6 mois) permettant le retour à l'emploi progressif.
  • Suivi régulier par un conseiller référent et évaluation des actions engagées.

Durée et modalités pratiques

La durée maximale du CSP est généralement de 12 mois, mais elle peut être interrompue ou modifiée selon la reprise d'un emploi ou l'arrêt anticipé du dispositif pour non-respect. Pendant cette période, le bénéficiaire perçoit une allocation spécifique et peut cumuler des actions d'accompagnement avec des périodes de travail, dans la limite des durées prévues.

  • Périodes d'emploi acceptées pendant le CSP : contrats de courte durée entre 3 jours et 6 mois, cumulable dans la limite de 6 mois.
  • Si le bénéficiaire retrouve un emploi avant la fin du CSP, une indemnité différentielle de reclassement (IDR) peut compenser une rémunération inférieure, dans la limite d'un plafond (ex. : 50% de l'ASP maximum).
  • En cas de reprise d'un emploi de durée suffisante (CDI ou CDD ≥ 6 mois), le CSP s'arrête et l'allocation cesse.

Indemnisation : ASP, autres indemnités et calculs

L'indemnisation centrale du dispositif est l'allocation de sécurisation professionnelle (ASP). Elle est calculée sur la base d'un salaire journalier de référence et représente un pourcentage déterminé du salaire antérieur (valeur indicative : 75% du salaire journalier de référence dans de nombreux cas, sous réserve des règles et plafonds en vigueur). L'ASP remplace l'ARE pendant la durée du CSP et peut être complétée par d'autres indemnités selon l'ancienneté et les accords conventionnels.

  • Indemnité de licenciement : due si le salarié y est éligible en fonction de son ancienneté ; peut être cumulée avec le CSP.
  • Indemnité de préavis : non versée si le salarié accepte le CSP (le contrat prend fin à l'acceptation) ; l'employeur peut reverser la part excédentaire si le montant dépasse un certain seuil.
  • Indemnité différentielle de reclassement (IDR) : mécanisme compensatoire si le bénéficiaire reprend un emploi moins rémunéré pendant la période d'indemnisation.
  • Prime de reclassement : dans certains cas (ex. ancienneté > 1 an), une prime égale à 50% des droits ASP non consommés peut être versée en cas de reprise d'un emploi durable.

Exemples chiffrés et cas pratiques

Exemple 1 - Calcul simple de l'ASP : Un salarié dont le salaire journalier de référence est de 100 euros perçoit environ 75 euros d'ASP par jour (75% du SJR). Sur un mois de 30 jours, l'allocation brute peut être calculée sur la base des règles journalières et des plafonds applicables.

Exemple 2 - Reprise d'emploi partielle et IDR : Un bénéficiaire du CSP retrouve un CDD de 4 mois à temps partiel avec une rémunération mensuelle inférieure au salaire antérieur. Il peut demander une IDR pour compenser partiellement la perte salariale pour la durée couverte par l'ASP restante. L'IDR est plafonnée et nécessite une demande auprès de Pôle emploi dans les 30 jours suivant la reprise.

Exemple 3 - Refus du CSP par le salarié : Un salarié refuse le CSP ; il conserve ses droits classiques. Si son indemnité de licenciement est élevée et que le CSP ne serait pas financièrement avantageux compte tenu de son projet (ex. départ à l'étranger), le refus peut être rationnel. L'employeur poursuit la procédure de licenciement et verse les indemnités légales.

Exemple 4 - Entreprise omettant la proposition : Lorsqu'un employeur n'a pas proposé le CSP alors qu'il y était tenu, Pôle emploi peut proposer le dispositif. Le salarié inscrit dispose de 21 jours et reçoit les documents d'information et le formulaire de demande d'ASP à compléter.

Suspension, rupture anticipée et motifs d'exclusion

Le CSP peut être arrêté avant son terme pour plusieurs raisons pertinentes et encadrées : refus répété d'offres considérées comme raisonnables, refus non justifié d'actions de reclassement, absence injustifiée à une formation, fraude ou fausse déclaration. En cas de rupture du CSP, le bénéficiaire peut redevenir éligible à l'ARE, mais le montant et la durée de l'indemnité seront recalculés en tenant compte des périodes déjà indemnisées.

  • Refus de deux offres jugées raisonnables - suspension du droit à l'ASP.
  • Absence non justifiée à des actions - conséquences disciplinaires et financières.
  • Fausse déclaration ou fraude - exclusion et sanctions possibles.

Obligations et points de vigilance pour l'employeur et le salarié

Pour l'employeur, il est essentiel de documenter la proposition du CSP, de remettre les documents d'information au bon moment et de respecter les délais et formalités. Un manquement peut entraîner une responsabilité et la mise en oeuvre du CSP par Pôle emploi en lieu et place. Pour le salarié, il est important d'analyser l'impact financier et professionnel du CSP comparé au parcours classique, de conserver une traçabilité des acceptations ou refus et de solliciter des précisions sur le contenu du plan d'accompagnement avant de signer.

  • Documenter la proposition et les dates - preuves en cas de litige.
  • Vérifier les montants et la compatibilité des actions proposées avec le projet professionnel.
  • Conserver les échanges avec Pôle emploi et le conseiller référent.

Recours, contrôle et coordination avec les organismes

Le contrôle du dispositif implique Pôle emploi, l'inspection du travail et, le cas échéant, les services de l'administration chargés des relations sociales. Les salariés peuvent contester l'absence d'information ou de proposition devant les juridictions compétentes. Pôle emploi est l'opérateur principal du CSP : il instruit les demandes d'ASP, organise les entretiens et verse l'allocation. Les accords collectifs peuvent moduler certaines modalités, mais la loi fixe le cadre général que doivent respecter les entreprises et les prestataires.

Synthèse pratique et recommandations

Le CSP constitue un outil de sécurisation de la transition professionnelle à privilégier lorsque l'objectif est un retour rapide et encadré vers l'emploi. Il combine accompagnement personnalisé, dispositifs de formation et indemnisation dédiée (ASP). Avant d'accepter, le salarié doit comparer les incidences financières et les opportunités professionnelles ; l'employeur doit respecter scrupuleusement ses obligations d'information pour éviter des contentieux. Enfin, documenter chaque étape et s'appuyer sur le conseiller Pôle emploi permet d'optimiser les chances de reclassement.

Conclusion

Le Contrat de sécurisation professionnelle est un dispositif structuré et normé, centré sur l'activation rapide des compétences et la réduction de la durée de chômage après un licenciement économique. En réunissant des mesures d'accompagnement, des actions concrètes de formation et une indemnisation dédiée, le CSP offre une alternative pragmatique entre la rupture purement indemnitaire et le maintien d'un lien contractuel prolongé. Sa réussite dépend de la qualité du projet personnalisé, de l'implication du bénéficiaire et du respect des obligations formelles par l'employeur et les organismes partenaires.