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Cotisation foncière des entreprises

Mise à jour 06/10/2025 Fiscalité

Cotisation foncière des entreprises (CFE) - définition professionnelle et guide opérationnel

Définition synthétique

La Cotisation foncière des entreprises (CFE) est un impôt local français dû par les personnes physiques et morales qui exercent une activité professionnelle non salariée et qui occupent, au 1er janvier de l'année d'imposition, des locaux ou des terrains à usage professionnel. Elle constitue, avec la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), la contribution économique territoriale (CET). La CFE est assise sur une base d'imposition correspondant à la valeur locative des biens professionnels et est perçue par la ou les communes où les biens sont situés.

Champ d'application et redevables

Sont redevables de la CFE toutes les personnes qui exercent à titre habituel une activité professionnelle non salariée, commerciales, artisanales, industrielles, libérales ou agricoles dans certaines conditions. Cela inclut les entreprises individuelles, les sociétés (SARL, SAS, etc.), ainsi que les micro-entrepreneurs (auto-entrepreneurs) lorsqu'ils disposent d'un local professionnel. Un salarié n'est pas redevable de la CFE à titre individuel pour son lieu de travail (sauf s'il exerce par ailleurs une activité indépendante).

Base d'imposition et calcul

La valeur locative comme base

La CFE est calculée à partir de la valeur locative cadastrale des locaux et terrains affectés à l'activité professionnelle. Cette valeur locative est déterminée selon des critères techniques (superficie, destination des locaux, équipements, classement par catégorie) et repose sur des références de loyers ou des grilles tarifaires. Pour déterminer la CFE due en N, l'administration prend généralement en compte la valeur locative de l'avant-dernière année (valeur en N-2).

Taux, cotisation et cotisation minimum

Chaque collectivité territoriale (commune, EPCI) fixe le ou les taux applicables sur la base d'imposition. La CFE due pour un établissement est obtenue par la formule suivante : base (valeur locative) x taux fixé par la collectivité. Parallèlement, les collectivités déterminent une cotisation minimum par tranche de chiffre d'affaires : la CFE ne peut pas être inférieure à cette somme minimale, qui varie selon les options retenues par la commune et les tranches de chiffre d'affaires. Les montants et tranches sont réévalués périodiquement et peuvent différer selon les territoires.

Modalités pratiques de déclaration et de paiement

Déclaration des éléments modifiant la base

La déclaration initiale de la base d'imposition est effectuée auprès du service des impôts des entreprises (SIE) lors de la création de l'établissement. Par la suite, la plupart des entreprises n'ont pas à déposer chaque année une déclaration de base, sauf en cas de changement significatif (ouverture ou fermeture d'établissement, variation importante de surface ou de l'activité, demande d'exonération, modifications du nombre d'installations). Les changements doivent être signalés généralement avant le 2e jour ouvré suivant le 1er mai de l'année d'imposition.

Paiement, échéances et modalités

Le règlement de la CFE s'effectue auprès de la même administration locale et peut être réalisé en ligne via l'espace professionnel sur le site des impôts ou par prélèvement. Selon le régime en vigueur, le paiement comporte souvent un acompte au printemps et le solde à l'automne/décembre ; toutefois, l'obligation d'acompte dépend du montant estimé de la CFE. Par exemple, si la CFE due l'année précédente dépasse certains seuils, un acompte peut être exigé au 15 juin puis le solde avant le 15 décembre. En dessous d'un certain montant, l'acompte n'est pas requis et l'entreprise règle uniquement le montant appelé en fin d'année. Les collectivités peuvent proposer des échéanciers ou le prélèvement mensuel pour faciliter le paiement.

Exonérations, réductions et dispositifs particuliers

Exonérations totales et temporaires

La loi prévoit plusieurs exonérations totales ou temporaires de CFE, permanentes pour certains secteurs et temporaires pour les entreprises nouvellement créées. Parmi les cas fréquents : exonération pour les exploitants agricoles sous certaines conditions, pour certaines classes de créateurs d'entreprise la première année, pour les associations ouvrant droit à exonération, et pour des entreprises implantées dans des zones ciblées (zones de revitalisation rurale, zones franches urbaines selon critères). De plus, des exonérations peuvent s'appliquer aux locations meublées à titre d'habitation (en général exclues de la base), ou aux petites activités dont le chiffre d'affaires est inférieur à un seuil fixé par le CGI.

Réductions spécifiques

Des réductions peuvent être appliquées à la base d'imposition dans des cas tels que : établissements industriels (réduction partielle), jeunes entreprises (réduction la première année), artisans payant une part importante de leur chiffre d'affaires en rémunérations salariales, ou entreprises implantées en Corse sous conditions. Les collectivités locales peuvent également voter des exonérations facultatives pour soutenir l'implantation ou l'emploi.

Cas pratiques et exemples chiffrés

Exemple 1 - petite entreprise avec local

Hypothèse : un commerce dont la valeur locative professionnelle est de 20 000 EUR pour l'année N-2. La commune fixe un taux local de 10 % pour la CFE. Calcul : 20 000 x 10 % = 2 000 EUR. Si la commune a fixé une cotisation minimum de 1 200 EUR pour la tranche de chiffre d'affaires à laquelle appartient l'entreprise et que le calcul donne 2 000 EUR, l'entreprise paie 2 000 EUR. Si le calcul avait donné 900 EUR, elle aurait payé la cotisation minimum de 1 200 EUR.

Exemple 2 - micro-entrepreneur sans local

Un micro-entrepreneur exerçant à domicile sans locaux affectés à l'activité peut, selon les situations, ne pas être redevable au titre de locaux (pas de base foncière). Toutefois, il reste soumis à la CFE sur d'autres éléments si la collectivité ou la réglementation l'exige. Par ailleurs, les créateurs d'entreprise bénéficient fréquemment d'une exonération la première année et certains micro-entrepreneurs dont le chiffre d'affaires est très faible peuvent être dispensés. Exemple : CA annuel 4 500 EUR - exonération possible selon le régime local et les dispositions nationales relatives aux faibles recettes.

Exemple 3 - déménagement en cours d'année

Si une entreprise déménage en juillet, la règle générale est que la CFE est due pour l'établissement situé au 1er janvier. Ainsi, si l'établissement était présent le 1er janvier dans la commune A, la CFE est due à la commune A pour l'année entière, même si l'entreprise quitte les lieux en cours d'année. À l'inverse, si l'établissement ouvre après le 1er janvier, il n'est pas imposable pour l'année en cours sauf dispositions locales contraires.

Aspects juridiques, contrôle et contestation

Contrôle et rectification

L'administration fiscale peut contrôler la base déclarée et procéder à des rectifications si elle estime que la valeur locative est mal évaluée. Les entreprises doivent conserver les justificatifs de surfaces, baux, travaux et éléments techniques permettant de justifier la classification des locaux. En cas d'erreur ou d'omission, l'administration peut réévaluer la base et majorer la cotisation due.

Recours en cas de désaccord

En cas de contestation du montant ou du caractère applicable de la CFE, l'entreprise doit d'abord déposer une réclamation écrite auprès du service des impôts des entreprises qui a émis l'avis. Si le litige n'est pas résolu, la voie contentieuse devant le tribunal administratif est ouverte. Il est conseillé d'agir rapidement et de joindre l'ensemble des pièces justificatives (bail, état des locaux, justificatifs de chiffre d'affaires, décisions de l'assemblée de la collectivité le cas échéant).

Points de vigilance et conseils pratiques

Optimisation et prévention

Quelques recommandations pratiques - conserver l'ensemble des pièces (baux, états descriptifs, factures de travaux), vérifier chaque avis de CFE et la bonne affectation des locaux entre usage professionnel et usage privé, signaler tout changement avant la date limite administrative, et solliciter les exonérations ou réductions auxquelles l'entreprise peut prétendre. Pour les groupes multi-établissements, vérifier la répartition géographique des bases entre communes et le traitement des sites satellites.

Interactions avec d'autres impôts locaux

La CFE est distincte de la taxe foncière (payée par le propriétaire) et de la CVAE ; elle s'inscrit dans un ensemble d'impôts locaux dont la << contribution économique territoriale >>. Les décisions de taux et d'exonération prises par les collectivités peuvent évoluer d'une année sur l'autre ; il est donc important de suivre les délibérations locales et de les intégrer dans la prévision des charges fiscales.

Résumé opérationnel

Checklist pour l'entreprise

  • Vérifier si vous êtes redevable au 1er janvier.
  • Contrôler la valeur locative inscrite et demander rectification si nécessaire.
  • Consulter le taux et la cotisation minimum votés par la commune.
  • Déclarer tout changement significatif avant la date limite (printemps).
  • Régler les échéances (acompte éventuel et solde) en respectant les modalités proposées.
  • Étudier les exonérations possibles et produire les demandes selon les conditions requises.

La Cotisation foncière des entreprises est un impôt technique à forts enjeux territoriaux : il combine règles nationales de calcul et marges de manœuvre locales en matière de taux et d'exonérations. Une gestion proactive et bien documentée des éléments de base (valeur locative, baux, surfaces, changements d'établissement) permet de sécuriser la position fiscale de l'entreprise et d'optimiser légalement sa charge locale.