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Degrés de juridiction

Mise à jour 06/10/2025 Juridique

Degrés de juridiction : définition et fonctionnement dans les ordres judiciaire et administratif

Définition générale

Le degré de juridiction désigne la place hiérarchique d’une juridiction dans l’ordre juridictionnel applicable à un contentieux donné. Il organise la possibilité et la nature des voies de recours ouvertes aux parties : une juridiction de premier degré tranche l’affaire en premier ressort sur les faits et le droit ; une juridiction de second degré réexamine l’affaire, tant sur les faits que sur le droit, et peut confirmer, modifier ou infirmer la décision initiale. Les juridictions supérieures de contrôle du droit - la Cour de cassation pour l’ordre judiciaire et le Conseil d’État pour l’ordre administratif - jouent un rôle particulier : elles n’épuisent pas le débat de fait mais vérifient la bonne application du droit.

Organisation par ordre juridictionnel

Ordre judiciaire

Dans l’ordre judiciaire, les degrés sont classiquement structurés en : juridictions de premier degré (tribunaux d’instance, tribunaux de grande instance, tribunaux de commerce, conseils de prud’hommes, tribunaux correctionnels, cours d’assises, etc.), juridictions d’appel (cours d’appel, juridictions criminelles d’appel, cours d’assises d’appel) et juridiction de cassation. Les juridictions de premier degré instruisent et jugent le fond ; les cours d’appel rejugent intégralement le dossier (appréciation des preuves et du droit) ; la Cour de cassation contrôle l’interprétation et l’application du droit et, si besoin, casse la décision pour renvoi devant une juridiction de fond.

Ordre administratif

Dans l’ordre administratif, l’articulation comprend les tribunaux administratifs au premier degré, les cours administratives d’appel au second degré et le Conseil d’État en dernier ressort. Le Conseil d’État exerce un contrôle de légalité similaire à la Cour de cassation mais, outre les fonctions juridictionnelles, il conserve également des missions consultatives. Comme en matière judiciaire, la voie de recours en appel permet un réexamen du fond tandis que le pourvoi devant le Conseil d’État vise uniquement des questions de droit.

Rôle et spécificités de la cassation

Le pourvoi en cassation n’a pas vocation à réexaminer les faits mais à vérifier la correcte application des règles de droit et la bonne motivation des décisions. Si la juridiction de cassation estime que les règles n’ont pas été respectées, elle peut casser et annuler la décision contestée ; elle ordonne généralement un renvoi devant une autre juridiction de fond pour qu’une nouvelle décision soit rendue. Lorsque le pourvoi est rejeté, la décision attaquée devient définitive et s’impose aux parties.

Effets juridiques et pratiques des degrés

La distinction entre degrés a plusieurs conséquences pratiques : 1) l’exercice d’un appel suspend parfois l’exécution provisoire de la décision initiale selon les règles applicables ; 2) la chose jugée intervient lorsque l’ensemble des voies de recours est épuisé, rendant la décision irréversible ; 3) l’appel est en général dévolutif - la juridiction d’appel rejuge tant le droit que les faits - tandis que la cassation est limitée au contrôle de droit. Par ailleurs, la voie de cassation est qualifiée de recours extraordinaire : elle ne remet pas en cause l’ensemble du débat probatoire mais corrige des erreurs de droit susceptibles d’affecter la sécurité juridique.

Exemples concrets et cas pratiques

  • Litige civil - contrat commercial : un commerçant perd un litige devant le tribunal de commerce. Il fait appel devant la cour d’appel qui peut réexaminer les éléments de preuve et modifier la décision. Si la partie estime que la cour d’appel a mal appliqué une règle de droit, elle peut former un pourvoi en cassation.

  • Affaire pénale - condamnation correctionnelle : une personne condamnée en première instance au tribunal correctionnel peut interjeter appel. La cour d’appel peut confirmer la peine, l’alourdir ou l’alléger. Un pourvoi en cassation pourra être formé uniquement si la défense invoque une erreur de droit (par exemple violation du principe du procès équitable).

  • Contentieux administratif - permis de construire : un particulier conteste un refus de permis devant le tribunal administratif (1er degré). En cas d’échec, il saisit la cour administrative d’appel (2e degré) qui réapprécie le dossier. Un recours devant le Conseil d’État ne sera possible que sur des questions juridiques sensibles, par exemple une mauvaise interprétation d’un texte d’urbanisme.

Cas pratiques d’application

Exemple pratique 1 - erreur de droit manifeste : si une cour d’appel applique un texte abrogé pour motiver sa décision, la Cour de cassation pourra, sur pourvoi, casser cette décision et ordonner un renvoi. Exemple pratique 2 - appréciation des faits : si la contestation porte uniquement sur l’évaluation des preuves (crédibilité d’un témoin), la voie d’appel est la voie adaptée car la cassation n’interviendra pas pour réévaluer les faits. Ces distinctions guident le choix stratégique des parties et expliquent pourquoi comprendre les degrés de juridiction est essentiel pour planifier un recours efficace.