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Discrimination positive

Mise à jour 06/10/2025 Ressources humaines

Discrimination positive - définition et application en ressources humaines

Définition synthétique

La discrimination positive désigne un ensemble de mesures volontaires et ciblées visant à corriger des inégalités structurelles en donnant un traitement préférentiel, temporaire et proportionné à des personnes ou groupes historiquement défavorisés en raison d'une caractéristique protégée (sexe, origine, handicap, âge, etc.). Elle a pour finalité l'égalité des chances en neutralisant des obstacles d'accès à l'emploi, à la formation ou à la promotion professionnelle.

Principes clés

  • Temporaire : les mesures sont conçues comme transitoires jusqu'à restauration d'une égalité effective.
  • Proportionnée : elles doivent être adaptées à l'objectif et ne pas créer d'avantage excessif.
  • Ciblée : dirigées vers des populations clairement identifiées par des données et diagnostics.
  • Évaluée : soumise à suivi et indicateurs d'impact pour vérifier leur efficacité.

Origines et cadre juridique

Le concept trouve son origine dans les mouvements d'action positive des années 1960 aux États-Unis. En droit comparé il est souvent encadré par des conditions strictes : justification objective, proportionnalité et caractère temporaire. En France, des dispositifs voisins existent (politiques d'égalité professionnelle, obligations d'emploi des personnes en situation de handicap, lois de parité en politique) mais la terminologie et la mise en œuvre sont plus prudentes pour concilier principe d'égalité et prohibition des discriminations.

Cadre d'entreprise

En entreprise, la discrimination positive peut se traduire par des programmes de recrutement ciblés, des quotas pour certaines catégories, des parcours de formation prioritaires, ou des adjustments d'accessibilité. Ces actions doivent respecter le droit du travail, la non-discrimination et être justifiées par un objectif légitime et mesurable.

Modalités d'application en ressources humaines

La mise en œuvre opérationnelle combine plusieurs leviers :

  • Recrutement ciblé : campagnes de sourcing vers des viviers sous-représentés, partenariats avec associations, annonces neutres et tests anonymisés complétés par actions ciblées.
  • Réservations et quotas : places réservées dans des programmes de formation ou quotas de représentation dans certaines instances (à encadrer juridiquement).
  • Accompagnement : tutorat, formation professionnelle, aménagements d'horaires et d'environnement pour lever les obstacles concrets.
  • Mesures incitatives : bonus RH pour managers atteignant des objectifs d'inclusion, ou adaptation des critères de mobilité interne.

Exemples concrets

  • Une entreprise met en place un programme de stages réservé aux jeunes issus de quartiers prioritaires pour créer un vivier de candidats.
  • Un plan de recrutement réserve un certain nombre de postes à des personnes en situation de handicap, accompagné d'aménagements de poste et d'un suivi adapté.
  • Une collectivité applique la parité pour la composition de ses listes électorales ou de certains comités consultatifs.

Avantages et objectifs attendus

Les objectifs sont pragmatiques : corriger les déséquilibres, diversifier les équipes, améliorer la performance par la pluralité des profils, et réduire les barrières structurelles à l'emploi. Les bénéfices mesurables incluent une meilleure représentation, un taux d'embauche accru pour les groupes ciblés, et une amélioration des indicateurs RH (turnover, engagement, innovation).

Limites, risques et conditions de légitimité

Les critiques portent sur la stigmatisation des bénéficiaires, le risque de discrimination inversée, et la normalisation d'une différenciation par caractéristiques protégées. Pour rester légitime, la discrimination positive doit respecter des conditions strictes : fondée sur un diagnostic chiffré, limitée dans le temps, proportionnée, transparente et assortie d'une évaluation d'impact. L'absence de suivi ou l'usage systématique sans justification peut conduire à des contestations juridiques et à un affaiblissement de l'objectif d'égalité.

Bonnes pratiques

  • Réaliser un diagnostic précis des inégalités avant toute mesure.
  • Définir des objectifs chiffrés et un calendrier de sortie.
  • Associer les parties prenantes et assurer la transparence des critères.
  • Mettre en place des indicateurs et audits pour mesurer l'efficience et ajuster les mesures.

Conclusion

La discrimination positive est un outil de gestion des inégalités potentiellement efficace si il est appliqué avec rigueur, temporalité et évaluation. Son succès dépend de la qualité du diagnostic, de la proportionnalité des actions et de la volonté organisationnelle de transformer les conditions structurelles qui produisent l'inégalité.