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Économie comportementale

Mise à jour 06/10/2025 Commerce

Économie comportementale : comprendre et anticiper les décisions économiques

Définition professionnelle

L'économie comportementale est une discipline interdisciplinaire qui combine des outils de l'économie et de la psychologie pour étudier comment les individus prennent des décisions dans des contextes économiques réels. Plutôt que de supposer une rationalité parfaite, elle observe, expérimente et modélise les écarts entre les choix observés et les prédictions des modèles classiques. Son objet d'étude inclut les biais cognitifs, les heuristiques, les préférences temporelles et l'influence des contextes sociaux et émotionnels sur le comportement économique.

Principes méthodologiques et modèles clés

La discipline repose sur des méthodes empiriques variées : expérimentations en laboratoire, essais contrôlés randomisés sur le terrain, enquêtes comportementales, tests A/B numériques et mesures physiologiques (eye-tracking, suivi du regard). Les modèles théoriques importants comprennent la théorie des perspectives (investigant l'aversion à la perte), la distinction entre système 1 (rapide, intuitif) et système 2 (lent, réfléchi), ainsi que les modèles d'escompte temporel (ex. escompte hyperbolique) qui expliquent la préférence pour des gratifications immédiates.

Biais cognitifs fréquents

  • Ancrage : la première information perçue influence fortement l'évaluation ultérieure (ex. prix initial affiché).
  • Cadrage : la manière de présenter une option modifie le choix (gain vs perte).
  • Aversion à la perte : les pertes sont ressenties plus intensément que des gains équivalents.
  • Effet de leurre (decoy) : une option secondaire rend une autre plus attractive.
  • Escompte hyperbolique : préférence disproportionnée pour les récompenses immédiates.

Applications pratiques et exemples concrets

En marketing et commerce, l'économie comportementale informe la conception d'offres, de prix et d'interfaces : placement de produits en rayon pour exploiter l'attention, structuration d'offres "pack" pour réduire l'anxiété de choix, ou utilisation d'une option "par défaut" favorable pour augmenter l'adhésion à un service. Exemples concrets :

  • Tarification : proposer un prix d'ancrage élevé rend plus acceptable une offre principale ; introduire une option "premium" crée un effet de contraste.
  • Conversion numérique : formulaires avec pré-remplissage pour réduire la friction et augmenter les conversions ; tests A/B pour mesurer l'impact des variantes.
  • Fidélisation : essais gratuits à durée limitée pour exploiter l'escompte hyperbolique et la réticence à perdre un avantage acquis.
  • Politiques publiques et nudge : systèmes d'inscription par défaut pour le don d'organes ou placement des aliments sains à hauteur des yeux dans les cantines pour guider les choix alimentaires sans interdire.

Études de cas et résultats mesurables

Des essais contrôlés montrent qu'un changement de libellé peut multiplier les taux d'inscription ; un repositionnement de produit peut accroître le panier moyen ; une modification du design de la page de paiement peut réduire l'abandon de panier de plusieurs points. Les recherches de terrain démontrent aussi les limites : certains effets sont contextuels et varient selon la culture, le canal (physique vs digital) et le segment de clientèle.

Limites et enjeux éthiques

L'utilisation des insights comportementaux soulève des questions éthiques : distinction entre influence bienveillante (nudge pour le bien commun) et manipulation commerciale agressive. Les praticiens doivent respecter la transparence, la protection des données et l'autonomie des consommateurs tout en évaluant l'efficacité par des mesures rigoureuses et reproductibles.

Conclusion

L'économie comportementale offre des outils puissants pour comprendre les décisions réelles et concevoir des interventions efficaces. Pour les entreprises, elle permet d'optimiser l'expérience client, la tarification et les campagnes, à condition d'appliquer des méthodes empiriques robustes et de tenir compte des enjeux éthiques.