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Économie sociale et solidaire

Mise à jour 06/10/2025 Responsabilité d'entreprise

Économie sociale et solidaire (ESS) : définition opérationnelle

Définition générale

L'économie sociale et solidaire (ESS) désigne un ensemble d'acteurs et de pratiques économiques qui visent conjointement la production de biens ou de services et la satisfaction d'une finalité sociale, environnementale ou collective. Contrairement aux modèles purement marchands, l'ESS met l'accent sur la finalité d'utilité sociale plutôt que sur la maximisation du profit individuel. Ce champ regroupe des organisations aux statuts juridiques variés mais partageant des principes communs de gouvernance, de répartition des excédents et d'impact mesurable.

Principes fondamentaux

L'identité de l'ESS repose sur trois piliers complémentaires qui structurent l'action et l'organisation des acteurs :

1. Utilité sociale ou collective

Une structure de l'ESS exerce une activité dont l'objectif principal est la réponse à un besoin collectif - inclusion sociale, santé, logement, éducation, transition écologique, insertion professionnelle, etc. L'évaluation de la performance intègre des indicateurs d'impact social ou environnemental, en parallèle des indicateurs économiques classiques.

2. Lucrativité limitée

Le principe de lucrativité limitée implique que la part distribuable des bénéfices est encadrée pour favoriser la pérennité et le développement de la mission. Les excédents sont prioritairement réinjectés dans l'activité, la réserve ou des actions d'intérêt général. Ce mécanisme limite la spéculation sur le capital et protège l'objet social.

3. Gouvernance démocratique

La gouvernance démocratique se traduit par une participation effective des parties prenantes (salariés, bénéficiaires, sociétaires, collectivités) aux décisions. Le principe "une personne = une voix" s'applique souvent, même si l'intensité de la participation varie selon les statuts. La transparence et la reddition des comptes font partie des obligations de bonne gouvernance.

Cadre juridique et reconnaissance

La loi du 31 juillet 2014 (loi n°2014-856) a donné une définition légale et instauré des critères permettant de qualifier une organisation comme relevant de l'ESS. Ces critères portent sur l'utilité sociale, la nature des statuts, la gestion démocratique et la limitation de la lucrativité. Traditionnellement, l'ESS comprend associations, fondations, coopératives et mutuelles, mais la loi a également permis à des sociétés commerciales d'être reconnues comme acteurs de l'ESS si elles intègrent ces principes dans leurs statuts.

Structures juridiques et variantes

  • Associations : statut à but non lucratif, gouvernance par assemblée générale, souvent mobilisées pour services sociaux, culturels et éducatifs.
  • Fondations : dotées de fonds affectés à une mission d'intérêt général, utilisées pour des actions pérennes en faveur de causes spécifiques.
  • Coopératives : entreprises détenues et contrôlées par leurs membres, principes d'ouverture et de participation, répartition des excédents limitée et orientée vers le projet collectif.
  • Mutuelles : organisations de protection mutuelle basées sur la solidarité territoriale ou professionnelle, notamment en santé et prévoyance.
  • Sociétés commerciales réorientées : entreprises commerciales qui inscrivent la priorité de la mission sociale et la gouvernance démocratique dans leurs statuts peuvent être considérées comme relevant de l'ESS.

Exemples concrets et cas pratiques

  • Une régie de quartier qui emploie des personnes en insertion pour des chantiers de rénovation urbaine - exemple de combinaison d'insertion professionnelle et d'offre de service locale.
  • Une SCOP (société coopérative et participative) de production artisanale où les salariés sont associés et décident collectivement des investissements et de la répartition des excédents.
  • Une mutuelle de santé qui développe des programmes de prévention ciblés dans des zones rurales - retour sur investissement social mesurable par la réduction des dépenses sanitaires évitables.
  • Une entreprise commerciale ayant inscrit dans ses statuts l'interdiction de distribution de dividendes au-delà d'un plafond et la mise en place d'un comité de parties prenantes pour toute décision stratégique.

Mise en œuvre pour les entreprises et collectivités

Pour intégrer les critères de l'ESS, une organisation peut procéder à plusieurs actions opérationnelles : formaliser une mission d'utilité sociale dans ses statuts, adopter des règles de gouvernance participative, définir une politique de distribution des bénéfices conforme à la lucrativité limitée, mettre en place des indicateurs d'impact social et assurer une communication transparente. Les collectivités peuvent soutenir l'ESS via des marchés publics ciblés, des dispositifs d'accompagnement à l'essaimage ou des financements adaptés (fonds solidaires, prêts participatifs).

Limites et enjeux

L'ESS n'exempte pas de recherches de viabilité économique ; le défi consiste à concilier autonomie financière et mission sociale. Des tensions existent entre croissance et respect strict du principe de démocratisation du pouvoir. La mesure d'impact reste un enjeu méthodologique majeur pour comparer performance sociale et performance économique.

Conclusion opérationnelle

L'ESS constitue un modèle pragmatique pour organiser une activité économique tournée vers l'intérêt général. En combinant utilité sociale, lucrativité limitée et gouvernance démocratique, elle offre des solutions adaptées aux défis sociaux et environnementaux contemporains, tout en restant compatible avec des exigences de durabilité économique.