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Laboratoire de recherche public

Mise à jour 06/10/2025 Aides

Laboratoire de recherche public : définition opérationnelle et cadre d'intervention

Présentation générale

Un laboratoire de recherche public est une structure organisée dont l'objet principal est la production, la diffusion et la valorisation de connaissances scientifiques et technologiques. Installé au sein d'un organisme public (université, établissement public à caractère scientifique et technologique - EPST, établissement public à caractère industriel et commercial - EPIC, institut national), il regroupe des équipes de chercheurs, d'ingénieurs et de doctorants et bénéficie majoritairement de financements publics. Sa mission combine la recherche fondamentale (connaissance pour elle-même) et la recherche appliquée (réponse à des problèmes concrets), selon les orientations scientifiques et les priorités nationales ou régionales.

Statut, gouvernance et ressources

Selon son rattachement, un laboratoire public peut avoir des statuts variés : unité mixte de recherche (UMR), unité propre, centre de recherche, ou département. Sa gouvernance inclut généralement un directeur scientifique, un conseil de laboratoire et des instances de pilotage administrative. Les ressources financières proviennent de plusieurs sources : dotations de l'État ou des collectivités, financements compétitifs (Agence nationale de la recherche, programmes européens tels qu'Horizon Europe), contrats industriels, conventions de partenariat, et fonds propres issus de prestations ou de valorisation.

Cadre réglementaire et évaluation

Le fonctionnement d'un laboratoire public est encadré par des règles de comptabilité publique, d'achat, d'éthique et de gestion des ressources humaines. Il est soumis à des évaluations périodiques (par exemple réalisées par des agences nationales comme le HCERES en France) qui mesurent la qualité scientifique, la gouvernance, la capacité de formation et la valorisation des résultats.

Activités principales

  • Production de savoir : publications, communications, bases de données et corpus scientifiques.
  • Formation : encadrement de masters et de thèses ; contribution aux cursus universitaires.
  • Innovation et valorisation : dépôt de brevets, licences, création de start-ups, transferts technologiques.
  • Expertise et service : prestations pour les pouvoirs publics, expertise réglementaire, analyses et tests.
  • Partenariats : collaborations avec d'autres laboratoires publics, PME/ETI/industries, associations et collectivités territoriales.

Structures de valorisation et relations avec l'entreprise

Pour faciliter le passage du laboratoire vers le marché, des dispositifs dédiés existent : cellules de valorisation, sociétés de transfert, incubateurs et sociétés d'accélération du transfert de technologies (SATT). Ces entités gèrent les questions de propriété intellectuelle, d'évaluation de la maturation technologique et de mise en relation avec des investisseurs ou des industriels.

Différences avec un laboratoire privé

La distinction essentielle tient au mode de financement et à l'objet prioritaire : un laboratoire public privilégie la production de connaissances ouvertes et la formation, même si une partie de ses activités peut être contractuelle ou protégée. Un laboratoire privé, souvent financé par une entreprise ou une fondation, oriente ses activités vers des objectifs commerciaux ou industriels spécifiques. En pratique, la frontière est poreuse : de nombreux laboratoires publics signent des conventions industrielles, reçoivent des fonds privés ou participent à des projets mixtes.

Exemples concrets et cas pratiques

  • CNRS : grande diversité disciplinaire ; présence de structures de valorisation qui facilitent la création de licences et de start-ups. Exemple pratique - une équipe identifie un procédé matériel ; la cellule de valorisation évalue la brevetabilité, sécurise la propriété et négocie une licence avec une PME.
  • Inserm : focalisé sur la santé ; collaborations fréquentes avec l'industrie pharmaceutique via des conventions de recherche et des filiales de transfert. Cas pratique - un chercheur signe une convention CIFRE avec une entreprise pour co-financer une thèse appliquée.
  • CEA : forte culture de partenariat industriel, fonds propres d'investissement et structures d'accompagnement pour accélérer la maturation technologique.
  • INRAE : projets interdisciplinaires agricoles et environnementaux ; partenariats avec acteurs locaux et filières agricoles pour prototyper et tester sur le terrain.

Cas pratique - collaboration type

Étapes d'une collaboration efficace entre une PME et un laboratoire public : diagnostic technique du besoin ; rédaction d'un protocole de collaboration précisant droits de propriété intellectuelle ; convention de confidentialité ; financement (convention, cofinancement public) ; jalons de recherche et délivrables ; exploitation des résultats (licence, création d'une start-up, transfert de prototype). Les SATT ou cellules de valorisation accompagnent cette chaîne.

Impacts, risques et bonnes pratiques

Les laboratoires publics stimulent l'innovation, la formation de compétences de haut niveau et la compétitivité territoriale. Ils comportent néanmoins des risques à gérer : conflits d'intérêts, difficulté à concilier publication ouverte et protection industrielle, dépendance excessive à des financements contractuels, et contraintes administratives. Les bonnes pratiques incluent des chartes de gouvernance, des procédures claires pour la gestion des inventions, et des mécanismes d'évaluation externe.

Checklist pour un partenaire industriel

  • Préciser l'objectif scientifique et les livrables attendus.
  • Définir en amont la propriété intellectuelle et les droits d'exploitation.
  • Prévoir un calendrier et un budget, avec étapes de validation.
  • Vérifier les compétences disponibles dans le laboratoire et les moyens expérimentaux.
  • Utiliser les structures de valorisation (SATT, incubateurs) pour sécuriser la négociation.

Conclusion opérationnelle

En résumé, le laboratoire de recherche public est une entité fondamentale du système national et international de recherche : il produit des savoirs, forme des acteurs scientifiques, et facilite l'émergence d'innovations au service de la société et de l'économie. Pour tirer parti de ses compétences, les entreprises et les décideurs doivent structurer leurs collaborations autour d'objectifs partagés, d'accords contractuels clairs et d'un accompagnement par des structures de valorisation adaptées. Enfin, l'évolution récente vers davantage de partenariats public-privé nécessite une vigilance renforcée sur l'éthique, la transparence et la protection des biens scientifiques communs.