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Personne politiquement exposée

Mise à jour 06/10/2025 Responsabilité d'entreprise

Personne politiquement exposée (PPE) - définition et implications pour la responsabilité d'entreprise

Définition générale

Une personne politiquement exposée (PPE) est une personne qui occupe ou qui a occupé une fonction publique importante, dont la position confère une influence ou un pouvoir susceptibles d'être exploités pour la corruption ou le détournement d'actifs. Dans la pratique réglementaire, il s'agit en général d'acteurs publics en poste actuellement ou ayant exercé au cours des 12 derniers mois, ainsi que de leurs proches et collaborateurs. L'objectif de cette qualification n'est pas punitif : elle déclenche une série d'obligations de vigilance adaptées au risque.

Cadre normatif et principes

Le statut de PPE repose sur des recommandations internationales (notamment du GAFI) et sur des dispositions nationales transposées dans les règles de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. En France, les autorités de contrôle comme l'ACPR fournissent des lignes directrices pour les établissements financiers et les services publics. Le principe central est l'approche fondée sur le risque : toutes les PPE ne présentent pas le même niveau de risque, mais les PPE étrangères sont souvent considérées comme à risque accru par défaut.

Qui entre dans le périmètre "PPE" ?

  • Fonctions gouvernementales : chefs d'État, ministres, secrétaires d'État, membres d'assemblées parlementaires, représentants diplomatiques (ambassadeurs).
  • Autorités judiciaires et réglementaires : magistrats supérieurs, presidents de cours suprêmes, membres de commissions de régulation.
  • Direction d'entreprises publiques : dirigeants et cadres supérieurs d'entreprises contrôlées par l'État.
  • Hauts responsables d'institutions : gouverneurs de banque centrale, présidents de cours des comptes, chefs d'état-major.

Proches et collaborateurs

Sont également considérés comme PPE les personnes qui ont des liens étroits avec une PPE : membres de la famille immédiate (conjoint, enfants, parents, frères et sœurs) et les proches collaborateurs (associés d'affaires, détenteurs d'une propriété effective d'entités juridiques au bénéfice d'une PPE). Cette extension vise à prévenir l'utilisation d'intermédiaires pour dissimuler l'origine des fonds.

Obligations et mesures de vigilance pour les services publics

Lorsqu'un service public ou un établissement identifie une PPE parmi ses usagers ou partenaires, il doit appliquer des mesures de vigilance renforcées proportionnées au risque identifié. Ces mesures ont pour but d'identifier l'origine des fonds, la légitimité des opérations et d'anticiper les conflits d'intérêts potentiels.

Mesures renforcées typiques

  • Identification approfondie : vérification de l'identité, de la fonction publique exercée, et du lien avec l'entité publique concernée.
  • Collecte d'éléments justificatifs : documents prouvant l'origine des fonds, contrats, actes de propriété et déclarations patrimoniales si disponibles.
  • Analyse du risque contextualisée : détermination du niveau de risque selon la nature de la relation (nationale vs étrangère), le pays d'origine et l'activité financière envisagée.
  • Décision d'acceptation ou de refus prise par le responsable conformité ; en cas d'acceptation, mise en place d'un suivi périodique renforcé.

Documents et informations habituellement demandés

  • Informations professionnelles détaillées (fonction, durée, rattachement institutionnel).
  • Preuves de la source des fonds et justificatifs de patrimoine (relevés, contrats de vente, attestations fiscales).
  • Éléments sur la nature des liens familiaux ou économiques avec une PPE identifiée.
  • Déclarations supplémentaires si des opérations inhabituelles ou de montant élevé sont réalisées.

Cas pratiques et exemples

Exemples concrets pour illustrer l'application des règles :

  • Un maire demande un prêt à un établissement public pour financer un projet municipal. L'établissement vérifie le statut public, demande l'origine des fonds pour tout apport initial et applique un suivi renforcé pendant la durée du prêt.
  • Une société détenue par un proche collaborateur d'un ministre souhaite répondre à un appel d'offres pour une concession. L'autorité contractante met en place une vérification des conflits d'intérêts et exige transparence sur l'actionnariat.
  • Un ancien ambassadeur ouvre un compte pour gérer des revenus d'interventions privées. La banque demande des éléments prouvant la cessation d'activités publiques depuis plus de 12 mois et vérifie la provenance des fonds.

Limites, confidentialité et revue périodique

Attribuer le statut de PPE ne crée pas d'interdiction automatique d'accès aux services. Il impose cependant des mesures proportionnées. Les informations collectées doivent être traitées confidentiellement et conservées conformément aux obligations de conservation documentaire. Les statuts PPE doivent être réévalués périodiquement : une personne peut cesser d'être PPE mais redevenir à risque si sa fonction évolue. Les décisions doivent être documentées et justifiables en cas de contrôle externe.

Points de vigilance pour les responsables

  • Appliquer une approche fondée sur le risque, en documentant les raisons d'une vigilance normale ou renforcée.
  • Former les agents en charge de la relation client sur la détection des PPE et des schémas d'intermédiation.
  • Maintenir des procédures claires pour l'escalade vers le service conformité en cas de doute.
  • Conserver un équilibre entre transparence, respect de la vie privée et obligations légales de lutte contre le blanchiment.

En résumé, la notion de PPE est un outil de gestion du risque : elle identifie des profils susceptibles d'être exposés à la corruption et impose aux services publics une vigilance renforcée, proportionnée et documentée, afin de prévenir l'utilisation du système financier et administratif à des fins illicites.