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Prime de risque (finances)

Mise à jour 06/10/2025 Finances

Prime de risque (finances) : définition et rôle

Définition synthétique

La prime de risque est le supplément de rendement exigé par un investisseur pour accepter une incertitude additionnelle par rapport à un placement considéré comme sans risque. Concrètement, c’est la différence entre le rendement attendu d’un actif risqué et le taux sans risque. Cette notion sert à mesurer la compensation monétaire pour le risque de défaut, de volatilité, d’illiquidité ou de risque pays, et elle est centrale dans l’évaluation des actifs, la fixation du coût du capital et la gestion de portefeuille.

Composantes et typologie

  • Prime de risque de marché (equity risk premium) : différence entre le rendement attendu du marché actions et le taux sans risque.
  • Prime de risque de crédit : écart de rendement entre une obligation d’entreprise et une obligation d’État comparable, lié au risque de défaut.
  • Prime pour liquidité : supplément demandé pour des titres difficiles à vendre rapidement.
  • Prime de pays : compensation pour risques politiques, réglementaires ou de change d’un pays donné.
  • Prime spécifique au projet ou à l’entreprise : ajustements pour risques idiosyncratiques non diversifiables.

Méthodes d’estimation

On distingue principalement trois approches pour quantifier une prime de risque :

  • Historique : moyenne des primes observées sur une longue période (souvent 20-30 ans) entre rendement du marché et taux sans risque. Avantage : données observables ; limites : biais d’échantillonnage, non-stationnarité.
  • Implicite (prospective) : déduit des valorisations de marché actuelles (dividendes attendus, profits futurs) pour obtenir le rendement exigé aujourd’hui. Avantage : forward looking ; limites : sensible aux hypothèses de croissance.
  • Build-up (méthode additive) : addition de primes spécifiques (inflation attendue, prime de marché, prime de petite capitalisation, prime de secteur, prime de pays). Utile pour PME ou marchés émergents.

Relation avec le CAPM et le coût des capitaux

Dans le modèle d’évaluation des actifs financiers CAPM, la prime de risque du marché sert à calculer le coût des fonds propres :

Coût des fonds propres = taux sans risque + beta × prime de risque du marché.

Exemple pratique : si le taux sans risque = 2 %, la prime de risque du marché = 6 % et la beta d’une action = 1,3, alors le coût des fonds propres = 2 % + 1,3 × 6 % = 9,8 %. Ce chiffre sert de taux d’actualisation pour valoriser les flux futurs d’une entreprise.

Cas pratiques et exemples chiffrés

1) Exemple simple d’écart rendement : une OAT 10 ans rémunère 1,5 % et un index actions est attendu à 7,5 %. La prime de risque du marché = 7,5 % - 1,5 % = 6,0 %. Un investisseur exige donc 6 points supplémentaires pour porter le risque actions par rapport à l’État.

2) Spread de crédit : une obligation d’entreprise à 5,5 % comparée à une OAT 10 ans à 1,2 % donne une prime de crédit de 4,3 %. Cette prime intègre probabilité de défaut, perte en cas de défaut et prime de liquidité.

3) Valorisation : pour un projet avec flux futurs actualisés à 10 % (coût du capital calculé incluant prime de risque), si la prime de risque était sous-estimée et que le vrai coût est 12 %, la valeur présente nette (VPN) baissera sensiblement - démontrant l’importance d’une estimation rigoureuse.

Limites et précautions d’usage

  • La prime calculée sur des séries historiques peut ne pas refléter les conditions futures (biais de périodes favorables ou crises extrêmes).
  • Choix du taux sans risque : maturité, devise et qualité de l’émetteur influencent fortement la prime calculée ; utiliser une OAT 10 ans est une convention, pas une règle universelle.
  • Prise en compte du beta : il mesure la sensibilité au marché, mais dépend de la méthode d’estimation (historique, régression, ajusté).
  • Les primes additionnelles (pays, liquidité) doivent être documentées et justifiées, car elles augmentent la subjectivité de l’estimation.

Utilisations en entreprise

La prime de risque sert à :

  • déterminer le coût des fonds propres ;
  • calculer le WACC pour des décisions d’investissement et pour la valorisation d’entreprise ;
  • évaluer la prime exigée pour financer de la dette subordonnée, des projets risqués ou des expansions internationales ;
  • structurer une politique de rémunération du risque ou de pricing des produits financiers.

Conclusion opérationnelle

La prime de risque est un signal central pour aligner rendement et risque. Sa mesure combine méthodes statistiques et jugement professionnel. Pour une utilisation robuste, documenter la source du taux sans risque, la méthode d’estimation (historique, implicite, build-up), les ajustements pays ou de liquidité, et tester la sensibilité des valorisations à des variations raisonnables de la prime.