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Projet de transition professionnelle

Mise à jour 06/10/2025 Emploi

Projet de transition professionnelle - définition et cadre

Présentation générale

Le Projet de transition professionnelle (souvent abrégé en PTP ou appelé aussi CPF de transition) est un dispositif français permettant à un salarié de s'absenter temporairement de son poste pour suivre une formation certifiante ou qualifiante en vue d'une reconversion ou d'une évolution professionnelle, tout en conservant son contrat de travail. Il combine une autorisation d'absence, une prise en charge financière potentielle et la poursuite des droits sociaux et d'ancienneté pendant la période de formation.

Objectifs et principes essentiels

Fonctionnement synthétique

Le PTP a pour objectif de faciliter le changement de métier ou l'acquisition d'une nouvelle qualification en finançant la formation et ses coûts périphériques pour le salarié, sans rupture du contrat de travail. La formation doit être certifiante (titre professionnel, diplôme, certificat de qualification professionnelle, bloc de compétences inscrit au RNCP ou équivalent) et peut ne pas être en lien avec l'emploi occupé avant la formation.

Conditions d'éligibilité - règles générales

Situations des salariés et durée minimale

  • Salariés en CDI ayant au moins 24 mois d'activité salariée, dont 12 mois chez le même employeur pour ceux en poste depuis au moins un an.
  • Salariés ayant changé d'employeur depuis moins d'un an : 24 mois d'activité salariée au cours des 5 dernières années, sans obligation de continuité; au moins 4 mois en CDD dans l'année précédente si la situation le concerne; la formation doit démarrer dans les 6 mois suivant la fin du dernier contrat.
  • Intérimaires : condition de 1 600 heures travaillées au total sur les 18 mois précédant la demande, dans la même profession, dont 600 heures minimum pour l'agence d'intérim dépositaire de la demande.
  • Cas sans condition d'ancienneté : salariés licenciés pour motif économique ou pour inaptitude (sans formation entre licenciement et nouveau contrat), et bénéficiaires de l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés.

Procédure de demande

Étapes et calendrier

La procédure comprend plusieurs étapes formelles : information et préparation du dossier, demande écrite d'autorisation d'absence à l'employeur, dépôt d'une demande de prise en charge auprès de la commission compétente, puis réalisation de la formation si la prise en charge est accordée. Les délais de demande d'autorisation d'absence sont stricts :

  • Pour une formation réalisée en une fois et nécessitant une disponibilité à temps plein : la demande doit être envoyée au moins 4 mois avant le début.
  • Pour une formation réalisée en plusieurs fois ou à temps partiel et d'une durée inférieure à 6 mois : la demande doit être envoyée au moins 2 mois avant le début.

Contenu de la demande à l'employeur

Pièces et mentions obligatoires

  • Dates de la formation, durée, date de l'examen le cas échéant.
  • Intitulé de la formation et nom de l'organisme dispensateur.
  • Certificat d'inscription à l'examen si des absences sont prévues pour la passation.
  • Lettre adressée par écrit (recommandé avec accusé de réception conseillé pour preuves), contenant toutes les informations ci-dessus.

L'employeur dispose de 30 jours pour répondre à la demande d'autorisation d'absence. En cas d'absence de réponse dans ce délai, la décision est réputée favorable sauf dispositions conventionnelles contraires.

Réponse de l'employeur : acceptation, report ou refus

Motifs et conditions du report

Si le salarié remplit les conditions d'accès, l'employeur ne peut pas refuser définitivement le congé ; il peut toutefois en demander le report pour motif économique lié à l'organisation de l'entreprise. Les règles pratiques sont :

  • Report maximal de neuf mois possible, motivé par une trop forte simultanéité d'absences.
  • Dans les entreprises de plus de 100 salariés : le nombre de salariés en congé transitionnel ne doit pas dépasser 2 % de l'effectif.
  • Dans les entreprises de moins de 100 salariés : un seul salarié peut être en congé de transition à la fois, sauf accord collectif contraire.
  • Pour les intérimaires, le seul motif valable de report est que la formation coïncide avec une mission en cours.

Recours en cas de refus abusif

Actions possibles

En cas de refus jugé abusif (par ex. absence de justification réelle du report), le salarié peut saisir l'inspection du travail, consulter les représentants du personnel ou engager une contestation devant le conseil de prud'hommes. Il est recommandé de conserver l'accusé de réception de la demande et toute correspondance échangée pour établir la chronologie et le fondement du refus.

Financement et prise en charge

Organismes financeurs et étendue des aides

Les financements sont accordés par les commissions paritaires interprofessionnelles régionales (CPIR), souvent identifiées localement sous le nom "Transitions Pro". Le salarié doit déposer sa demande de prise en charge auprès de la commission correspondant à sa situation (lieu de résidence ou de travail, selon les règles locales). La commission évalue :

  • La pertinence du projet par rapport au parcours professionnel du candidat et à l'employabilité visée.
  • La qualité et la nature certifiante de la formation demandée.
  • La cohérence du budget et le caractère incontournable des dépenses annexes (transport, hébergement, restauration).

La prise en charge peut couvrir : le coût pédagogique, les frais de transport, d'hébergement et de restauration, et, sous conditions, des compléments de rémunération. Lorsque la formation se déroule pendant le temps de travail, le salarié peut conserver sa rémunération (totale ou partielle). L'employeur verse initialement le salaire et peut ensuite demander son remboursement selon les modalités validées par la CPIR.

Modalités pour CDD, intérimaires et salariés du particulier employeur

Règles spécifiques

  • Salariés en CDD et intérimaires peuvent bénéficier d'une rémunération versée directement par la CPIR si la situation le nécessite.
  • Pour les salariés du particulier employeur, la CPIR peut assurer le versement de la rémunération pendant la période si la prise en charge est accordée.

Effets sur le contrat de travail et droits sociaux

Statut pendant la formation

Pendant la durée du PTP, le contrat de travail est suspendu et non rompu : la période de formation compte pour le calcul de l'ancienneté, des congés payés et pour la protection sociale. Le salarié reste couvert par la Sécurité sociale et les dispositions relatives aux accidents du travail. Les périodes de formation peuvent également être prises en compte dans le calcul de droits liés à la retraite, selon les règles de la sécurité sociale et les conventions applicables.

Conséquences administratives et obligations du stagiaire

Suivi et assiduité

  • Assiduité et respect du programme sont exigés pour maintenir la prise en charge.
  • Le salarié doit fournir les justificatifs de présence et les attestations de formation demandées par la CPIR.

Différences avec d'autres dispositifs

CPF, ancien CIF et autres mécanismes

Le PTP remplace le précédent congé individuel de formation (CIF) depuis le 1er janvier 2019. Il se distingue du simple CPF (compte personnel de formation) par le fait qu'il donne accès à un congé rémunéré et à une prise en charge ciblée par les CPIR pour des projets de reconversion majeurs. Le CPF, pour sa part, permet d'accumuler des droits à la formation utilisables tout au long de la vie professionnelle, sans nécessairement entraîner un congé et sans la même procédure de prise en charge collective.

Exemples concrets et cas pratiques

Illustrations applicatives

  • Cas 1 - CDI après 3 ans dans l'entreprise : Sophie, secrétaire depuis 3 ans, souhaite devenir développeuse web. Elle prépare un dossier PTP, dépose sa demande 4 mois avant le début d'une formation certifiante de 9 mois, obtient l'autorisation d'absence et une prise en charge partielle des frais par la CPIR. Son contrat est suspendu, elle conserve des droits sociaux et, à son retour, retrouve son poste ou bénéficie d'un reclassement selon le plan de l'entreprise.
  • Cas 2 - Intérimaire : Karim, intérimaire polyvalent, totalise 1 700 heures sur 18 mois. Il souhaite suivre une formation de technicien de maintenance. Il remplit la condition des 600 heures dans l'agence demandeuse et obtient une prise en charge. Sa rémunération est assurée pendant la formation par la CPIR selon les règles applicables.
  • Cas 3 - Report demandé : Dans une PME de 40 salariés, Julien sollicite un PTP. L'employeur justifie qu'un seul salarié au titre du PTP peut être absent en même temps et propose un report de 6 mois, argumentant la charge de travail. Le report est légal si correctement motivé.

Checklist pratique pour constituer un dossier PTP

Étapes recommandées

  • Vérifier les conditions d'ancienneté et le caractère certifiant de la formation.
  • Prendre contact en amont avec la CPIR pour connaître les critères locaux et pièces requises.
  • Constituer un dossier de projet professionnel détaillant les objectifs, le marché visé et le budget.
  • Envoyer la demande d'autorisation d'absence à l'employeur dans les délais légaux (4 ou 2 mois selon le cas).
  • Conserver toutes les preuves (courrier, accusés de réception, échanges électroniques, attestations d'inscription).

Points de vigilance et erreurs fréquentes

Conseils pour sécuriser le projet

  • Ne pas attendre la dernière minute pour déposer la demande ; respecter strictement les délais formels.
  • Vérifier que la formation est bien certifiante et reconnue par la CPIR.
  • Anticiper la gestion des remplacements et l'impact opérationnel pour faciliter l'acceptation ou limiter le report.
  • Prévoir un plan B financier si la CPIR ne prend pas en charge la totalité des coûts.

En synthèse, le Projet de transition professionnelle est un dispositif structuré pour accompagner la reconversion professionnelle en garantissant une continuité contractuelle et des possibilités de financement. Il nécessite une préparation rigoureuse du dossier, le respect des délais et des conditions d'éligibilité, et un dialogue anticipé avec l'employeur et la commission compétente. Bien utilisé, il constitue un levier efficace de mobilité professionnelle et d'accès à des qualifications reconnues.