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Stratégie d'achat

Mise à jour 06/10/2025 Achat

Stratégie d'achat : définition et cadre opérationnel

Définition synthétique

La stratégie d'achat est un plan structuré et décliné par catégorie de dépenses qui définit les priorités, les règles, les processus et les objectifs permettant d'acquérir biens et services nécessaires à l'activité de l'entreprise. Elle couvre la prise de décision en amont et pendant l'acte d'achat, intègre des choix tactiques et stratégiques (niveaux de centralisation, politique fournisseur, critères de sélection, modes d'appel d'offres) et relie les achats aux enjeux financiers, opérationnels, de conformité et de responsabilité sociale.

Objectifs principaux

Une stratégie d'achat vise à :

  • optimiser le coût total de possession (TCO) et non seulement le prix d'achat ;
  • sécuriser les approvisionnements et réduire les risques de rupture ;
  • assurer la qualité et la conformité des produits/services ;
  • développer des relations fournisseurs pérennes et créatrices de valeur ;
  • aligner les achats sur la stratégie globale de l'entreprise (innovation, durabilité, time-to-market).

Composantes et étapes opérationnelles

Processus type

Une stratégie d'achat se construit autour d'un processus séquentiel et itératif :

  • Analyse des dépenses (spend analysis) : consolidation des données par fournisseur, par catégorie, par BU;
  • segmentation des achats (par criticité, marché fournisseur, volume) ;
  • analyse de marché (offre, concurrence, barrières à l'entrée, indices de prix) ;
  • élaboration d'une stratégie par catégorie (sourcing local vs global, consolidation des volumes, sourcing alternatif) ;
  • plan de sourcing et négociation (RFP, e-sourcing, enchères, négociation cadre) ;
  • mise en place de contrats, conditions commerciales et indicateurs de service ;
  • gestion des fournisseurs (onboarding, SRM, développement) ;
  • suivi, reporting et optimisation continue (KPIs, audits, revue de portefeuille).

Outils et méthodes

Parmi les méthodes fréquemment utilisées on trouve la matrice Kraljic pour positionner les catégories selon criticité et pouvoir de marché, l'analyse SWOT, la cartographie des risques, et des outils digitaux : solutions e-sourcing, ERP achats, supplier portals, analytics pour suivre le TCO et les économies réalisées. L'automatisation permet d'améliorer la traçabilité, réduire les délais et faciliter le reporting.

Segmentation et choix tactiques

La stratégie se décline selon la segmentation :

  • achats stratégiques (fort impact, fournisseurs puissants) : partenariat, co-développement, plans de continuité ;
  • achats leviers (fort volume, forte concurrence) : consolidation des volumes, enchères, contrats cadre ;
  • achats non-critiques : simplification des process, catalogue acheteur, approvisionnement automatique ;
  • achats sous surveillance (marché instable, qualité variable) : renforcement des contrôles et clauses contractuelles strictes).

Politiques internes et gouvernance

La stratégie d'achat définit les règles de gouvernance : mandats d'achat, seuils d'autorisation, règles de délégation, politique d'achats responsables, processus d'appel d'offres et chartes éthiques. Elle précise également la politique de communication interne et externe sur les pratiques d'achat et le positionnement vis-à-vis des parties prenantes.

Ressources humaines et compétences

La fonction achats doit être dotée de profils variés : acheteurs catégorie, analystes de dépenses, juristes contrats, responsables SRM, experts marchés. La stratégie précise la politique de recrutement et de formation (négociation, analyse de données, sourcing digital, conformité). Un plan de succession et de mobilité permet d'assurer la continuité des compétences.

Mesures, indicateurs et pilotage

Des indicateurs clés mesurent la performance de la stratégie :

  • % d'économies réalisées vs objectif ;
  • % du spend couvert par contrat cadre ;
  • délai moyen d'achat et cycle de sourcing ;
  • taux de conformité fournisseurs (certifications, audits) ;
  • on-time delivery, taux de non-conformité, PPM (parts per million) ;
  • indice de risque fournisseur et exposition géographique.

Ces KPIs sont consolidés dans des tableaux de bord partagés avec la finance, la production et la direction générale pour assurer l'alignement stratégique.

Cas pratiques et exemples

Exemple 1 - Industrie manufacturière

Une entreprise automobile identifie une pièce critique fournie par un unique fournisseur. Stratégie : établir un partenariat industriel incluant du co-développement, double-sourcing sur le long terme, clauses de garantie de capacité et un plan d'urgence. KPIs prioritaires : taux de disponibilité, délai fournisseur et plan de mitigation des risques géopolitiques.

Exemple 2 - Distribution nationale

Une chaîne de distribution avec des milliers de références privilégie la négociation centralisée pour les produits à forte rotation (achats leviers) et l'automatisation des flux pour les articles non-critiques. Stratégie : contrats cadres avec conditions de révision tarifaire, e-catalogues et réapprovisionnement automatique. KPIs : coût moyen par commande, taux de remplissage des rayons, économies annuelles.

Exemple 3 - Achats publics ou hautement régulés

Dans le secteur public ou réglementé, la stratégie d'achat intègre des contraintes juridiques strictes, la traçabilité complète et la transparence. Les procédures formalisées (appel d'offres, publicité, comité d'évaluation) et la documentation des choix sont essentiels pour se conformer aux règles et prévenir la corruption.

Mise en œuvre et bonnes pratiques

  • commencer par une analyse des dépenses fiable et récurrente ;
  • prioriser les catégories selon valeur et risque ;
  • intégrer la DAF, la production et la RSE dès la conception de la stratégie ;
  • documenter les règles et former les acteurs ;
  • piloter par objectifs trimestriels et revues annuelles de la stratégie.

En synthèse, la stratégie d'achat est un levier multidimensionnel : optimisation des coûts, sécurisation des approvisionnements, création de valeur partagée avec les fournisseurs et respect des exigences légales et éthiques. Sa mise en œuvre combine méthodes analytiques, outils digitaux et capacité relationnelle pour transformer les achats en avantage compétitif durable.