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Taux de change

Mise à jour 06/10/2025 Finances

Taux de change - définition, mécanismes et implications pour l'entreprise

Définition essentielle

Le taux de change est le prix d’une unité d’une monnaie exprimé en unités d’une autre monnaie. Il indique combien de devises B peuvent être échangées contre une unité de devise A à un instant donné. Dans un contexte professionnel, le taux de change est un indicateur opérationnel et comptable qui impacte la facturation, la trésorerie, l’évaluation des actifs et passifs libellés en devises étrangères, ainsi que la rentabilité des opérations internationales.

Conventions de cotation et terminologie

Deux concepts sont centraux dans la cotation des changes :

  • Devise de base : la monnaie située à gauche dans la cotation (ex. EUR dans EUR/USD).
  • Devise cotée : la monnaie située à droite (ex. USD dans EUR/USD) ; elle représente le nombre d’unités nécessaires pour acheter une unité de la devise de base.

On distingue aussi la cotación directe et la cotación indirecte selon la pratique locale (par ex. EUR/USD vs USD/EUR). Les opérateurs utilisent par ailleurs le cours au comptant (spot) pour les échanges immédiats et le taux à terme (forward) pour fixer aujourd’hui un taux applicable à une date future.

Types de régimes de change

  • Régime flottant : le taux est déterminé par l’offre et la demande sur le marché des changes (Forex). Il varie en continu en fonction de facteurs macroéconomiques et financiers.
  • Régime fixe ou ancré : un État ou une banque centrale fixe la parité par rapport à une devise de référence (ex. un peg). La banque centrale intervient pour maintenir ce niveau en achetant ou vendant des réserves étrangères.
  • Régimes intermédiaires : bandes de fluctuation, paniers de monnaies, ou crawling peg (ajustement progressif).

Mécanismes de formation et déterminants

Le niveau du taux de change est le résultat de facteurs multiples, parmi lesquels :

  • La loi de l’offre et de la demande sur le Forex (flux commerciaux, IDE, flux de capitaux).
  • Les différentiels de taux d’intérêt entre pays (impactant les flux financiers et la prime de carry).
  • L’inflation relative et la parité du pouvoir d’achat (PPP) sur le long terme.
  • Les interventions des banques centrales pour stabiliser ou orienter la monnaie.
  • Les événements géopolitiques, les chocs d’offre et la perception du risque pays.

Quotations pratiques : cours acheteur / vendeur et spread

Une institution financière affiche systématiquement deux cours :

  • Cours acheteur (bid) : prix auquel l’établissement achète la devise d’un client.
  • Cours vendeur (ask) : prix auquel il vend la devise au client.

La différence entre ces deux prix est le spread, qui traduit le coût de transaction et la rémunération pour l’intermédiaire. Exemple concret : si le marché spot pour EUR/USD est 1,2000/1,2010, un bureau de change peut proposer 1,1960/1,2040 pour intégrer une marge et des coûts opérationnels.

Calculs et formules élémentaires

Formule de conversion simple :

  • Montant en devise cotée = Montant en devise de base × Taux de change

Exemple : EUR/USD = 1,20 → 500 EUR × 1,20 = 600 USD.

Pour les taux à terme, la relation approximative (selon la parité des taux d’intérêt) est :

  • Taux forward ≈ Taux spot × (1 + i_dom) / (1 + i_étranger)

Exemple pratique : EUR/USD spot = 1,20 ; taux d’intérêt EUR 0,5 % annualisé, USD 2,5 %. Pour un terme à 1 an : forward ≈ 1,20 × (1 + 0,005) / (1 + 0,025) ≈ 1,20 × 0,9805 ≈ 1,1766.

Applications et cas pratiques en entreprise

Le taux de change intervient dans de nombreux cas :

  • Facturation internationale : déterminer le montant facturé dans la devise du client ou converti pour la comptabilité.
  • Évaluation des comptes : convertir actifs et passifs en devises pour les états financiers périodiques.
  • Gestion de trésorerie : décider du moment d’encaisser ou de payer en devise étrangère.
  • Couverture (hedging) : utiliser des forwards, options ou swaps pour neutraliser le risque de change attendu.

Exemple de couverture opérationnelle : une filiale française doit payer 1 000 000 USD dans 90 jours. Pour éliminer le risque lié à une dépréciation de l’euro, le service trésorerie négocie un taux à terme avec une banque qui fixe aujourd’hui le montant en euros. Si le forward convenu est EUR/USD = 1,18, la société sait qu’elle devra dépenser 1 000 000 / 1,18 ≈ 847 458 EUR, indépendamment des mouvements futurs.

Exemples concrets et interprétations

1) Bureau de change et commission :

  • Marché spot : EUR/USD 1,2000. Bureau propose 1,1600 (vente aux clients) et 1,2400 (achat aux clients) pour inclure marge. Un particulier qui échange 500 EUR reçoit 500 × 1,1600 = 580 USD ; le différentiel avec le spot reflète la commission.

2) Entreprise exportatrice :

  • Une entreprise française exporte en USD. Une appréciation du dollar (hausse du taux EUR/USD) augmente ses recettes en euros au moment de la conversion. Si elle anticipe cette hausse, elle peut laisser l’exposition ouverte ou vendre des forwards pour verrouiller le taux.

Risques et bonnes pratiques

  • Identifier l’exposition : transactionnelle (factures à recevoir/payer), translationnelle (réévaluation des bilans), économique (compétitivité future).
  • Choisir des instruments adaptés : forwards pour cost certainty, options pour conserver un bénéfice potentiel en cas de mouvement favorable.
  • Documenter la politique de change : seuils de tolérance, approbations, counterparties admissibles.
  • Suivre les conventions comptables : normes IFRS/GAAP pour le traitement des instruments de couverture et la valorisation des postes en devises.

Interprétation macroéconomique et limites

Le taux de change reflète l’état macroéconomique relatif entre pays ; il n’est cependant pas un signal parfait : les mouvements peuvent être amplifiés par la spéculation, les interventions, ou des déséquilibres temporaires. Sur le long terme, les mécanismes tels que la parité du pouvoir d’achat ou la parité des taux d’intérêt tendent à expliquer les mouvements, mais des frictions persistent (réglementation des capitaux, coûts de transaction, barrières commerciales).

Résumé opérationnel

Pour une entreprise, comprendre le taux de change signifie : maîtriser la cotation (devise de base / devise cotée), connaître le spread et les coûts de transaction, distinguer spot et forward, mesurer l’exposition et définir une stratégie de couverture conforme aux objectifs financiers et comptables. Des exemples numériques simples (conversion, bid/ask, calcul de forward) permettent de traduire la théorie en actions concrètes : facturation, couverture, arbitrage opérationnel et reporting.