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Usufruit

Mise à jour 06/10/2025 Juridique

Usufruit - définition juridique et application pratique

Définition générale

L'usufruit est un droit réel démembré de la propriété, prévu par le Code civil (article 578), qui permet à une personne, l'usufruitier, de jouir d'une chose dont une autre personne, le nu-propriétaire, a la propriété. Concrètement, l'usufruit associe deux prérogatives distinctes : l'usus (le droit d'utiliser la chose) et le fructus (le droit d'en percevoir les fruits ou revenus). L'usufruit implique l'obligation de conserver la substance du bien et d'en assurer la bonne conservation.

Nature et mécanisme

Le démembrement de propriété sépare l'exercice du droit de propriété en deux parts : l'usufruit, usufruitier, et la nue-propriété, nu-propriétaire. L'usufruitier peut utiliser le bien et récolter les revenus (par exemple louer un logement), mais il ne peut en disposer pleinement au point d'en détruire la substance. Le nu-propriétaire détient la propriété formelle et récupère la pleine propriété à l'extinction de l'usufruit. Ce mécanisme est utilisé dans des opérations patrimoniales (donation, succession, transmission d'entreprise, apport en société) ou prévu par la loi (usufruit légal au profit du conjoint survivant).

Typologie de l'usufruit

  • Usufruit viager : l'usufruit prend fin au décès de l'usufruitier. Il ne peut être constitué viager qu'au profit d'une personne physique.
  • Usufruit temporaire : prévu pour une durée déterminée, souvent utilisé dans des montages financiers ou des contrats commerciaux. Il peut être constitué au profit d'une personne morale si la durée respecte les limites légales.
  • Usufruit légal : crée par la loi, par exemple en matière de succession pour protéger le conjoint survivant.
  • Usufruit conventionnel : institué par contrat ou testament entre parties, avec modalités convenues.
  • Usufruit conjoint et successif : plusieurs personnes peuvent détenir l'usufruit simultanément (usufruit conjoint) ou se succéder dans l'usufruit (usufruit successif).

Obligations et droits de l'usufruitier

L'usufruitier doit principalement conserver la substance du bien, effectuer les réparations d'entretien et payer les charges courantes liées à l'usage. Pour un bien immobilier, il doit en assurer l'entretien courant, payer la taxe foncière et, le cas échéant, la taxe d'habitation s'il occupe le logement au 1er janvier. Les grosses réparations restent, sauf convention contraire ou faute de l'usufruitier, à la charge du nu-propriétaire. L'usufruitier doit également respecter la destination du bien et ne pas le détourner de son usage habituel.

Prérogatives spécifiques

  • L'usufruitier peut louer le bien et percevoir les loyers, sauf stipulation contraire.
  • Il peut vendre ses droits d'usufruit mais pas la nue-propriété ; la vente est limitée à l'étendue de son droit.
  • Il peut effectuer des améliorations, mais doit souvent obtenir l'accord du nu-propriétaire pour les transformations importantes.

Extinction de l'usufruit

L'usufruit s'éteint par plusieurs causes : le décès de l'usufruitier (pour un usufruit viager), l'expiration du terme prévu, la réunion des droits d'usufruit et de nue-propriété entre les mêmes mains, la renonciation de l'usufruitier, la perte totale de la chose, l'abus de jouissance entraînant la déchéance, ou l'absence d'usage pendant une période prolongée prescrite par la loi. Des cas particuliers existent, par exemple la fin de l'usufruit légal des parents lorsque l'enfant titulaire de la nue-propriété atteint un certain âge dans des dispositions spécifiques.

Valorisation fiscale

La valeur économique de l'usufruit, notamment lors de donations, successions ou ventes, est déterminée selon un barème fiscal tenant compte de l'âge de l'usufruitier pour un usufruit viager. Ce barème permet d'établir la part taxable et de calculer les droits afférents. Pour un usufruit temporaire, la valeur est calculée en fonction de la durée restante et des revenus attendus. En pratique, la valorisation influe sur les montages patrimoniaux : par exemple, vendre la nue-propriété tout en conservant l'usufruit peut dégager des liquidités sans perte d'usage.

Exemples pratiques

Exemple 1 - Transmission familiale : un parent donne la nue-propriété d'un appartement à ses enfants et conserve l'usufruit viager. Le parent continue d'occuper le logement et perçoit d'éventuels loyers ; à son décès, les enfants deviennent pleinement propriétaires sans fiscalité supplémentaire immédiate.

Exemple 2 - Vente de nue-propriété : un propriétaire cède la nue-propriété d'un immeuble à un investisseur, conserve l'usufruit temporaire de 15 ans. Il conserve l'usage et les revenus pendant la période convenue ; l'investisseur espère récupérer la pleine propriété à terme et réalise un investissement à prix réduit.

Exemple 3 - Succession : le conjoint survivant obtient l'usufruit légal d'un patrimoine, ce qui lui assure un revenu et l'usage du logement, tandis que les enfants détiennent la nue-propriété. Les droits de succession sont calculés en fonction de la valeur de l'usufruit et de la nue-propriété.

Points de vigilance

  • Vérifier la nature précise de l'usufruit (viager, temporaire, légal) avant toute opération.
  • Documenter l'état du bien (inventaire, état descriptif) pour éviter les conflits sur les réparations et l'entretien.
  • Considérer l'impact fiscal et patrimonial : la valorisation fiscale de l'usufruit influence droits de donation, succession et stratégies de transmission.
  • Prendre conseil d'un notaire ou d'un avocat spécialisé pour rédiger les conventions et sécuriser les engagements réciproques.