La culture de la canne à sucre représente une activité agricole spécialisée identifiée sous le code NAF 0114Z. Cette production, concentrée principalement dans les départements et régions d'outre-mer français, constitue un secteur économique stratégique pour ces territoires. L'activité englobe l'ensemble des opérations culturales nécessaires à la production de canne à sucre, depuis la préparation des sols jusqu'à la récolte, en passant par la plantation, l'entretien et la protection des cultures.
La culture de la canne à sucre en France se concentre exclusivement dans les territoires d'outre-mer, bénéficiant de conditions climatiques tropicales favorables. La Guadeloupe, la Martinique, La Réunion et la Guyane constituent les quatre principales zones de production. La Réunion domine largement avec environ 25 000 hectares cultivés et une production annuelle de 1,8 million de tonnes, représentant près de 80% de la production française totale.
Le secteur cannelier français emploie directement plus de 8 000 personnes et génère un chiffre d'affaires annuel d'environ 400 millions d'euros. Les exploitations comptent en moyenne 15 hectares, avec des variations importantes selon les régions. La productivité moyenne s'établit autour de 72 tonnes par hectare, plaçant la France parmi les producteurs les plus performants au niveau mondial.
La canne à sucre suit un cycle de production particulier, avec une plantation initiale suivie de plusieurs coupes successives appelées repousses ou rejetons. Le cycle complet s'étend généralement sur 5 à 7 ans. La première récolte intervient 12 à 18 mois après la plantation, puis les coupes suivantes se succèdent tous les 12 mois environ. Cette particularité permet d'optimiser les coûts de production en évitant les replantations annuelles.
Les producteurs français utilisent principalement des variétés adaptées aux conditions locales, développées par les centres de recherche spécialisés comme le CIRAD. Les variétés R579, R570 et R583 dominent les plantations réunionnaises, tandis que les Antilles privilégient les variétés B69566 et CP68-1026. L'amélioration génétique vise notamment à renforcer la résistance aux maladies et à optimiser les rendements en sucre.
Les exploitants de canne à sucre doivent respecter des obligations strictes en matière de protection de l'environnement. La réglementation impose des zones de non-traitement le long des cours d'eau et des aires de captage d'eau potable. L'usage des produits phytosanitaires fait l'objet d'une surveillance renforcée, avec des restrictions spécifiques dans les zones protégées. Les brûlages de paille, traditionnellement pratiqués, sont progressivement encadrés voire interdits dans certaines zones sensibles.
Le secteur développe activement les démarches de certification qualité et environnementale. La certification Bonsucro gagne en importance pour l'export, tandis que les labels agriculture biologique et Haute Valeur Environnementale se développent sur le marché local. Ces certifications exigent une traçabilité complète des pratiques culturales et une formation spécifique des exploitants.
Les exploitations de canne à sucre relèvent de la Convention collective nationale des exploitations agricoles et des CUMA, identifiée par l'IDCC 9211. Cette convention, signée le 10 juillet 2019, remplace les anciens accords régionaux et unifie les conditions de travail dans le secteur agricole français. Elle couvre l'ensemble des salariés agricoles, y compris les conducteurs d'engins et les ouvriers spécialisés dans les cultures tropicales.
Des adaptations particulières s'appliquent dans les départements d'outre-mer, notamment concernant les congés bonifiés et les conditions climatiques de travail. Les accords territoriaux complètent la convention nationale en tenant compte des particularités locales, notamment en matière de rémunération et d'organisation du temps de travail pendant les campagnes sucrières.
La majorité de la production cannière française alimente les sucreries locales. Quatre usines principales traitent la production : deux à La Réunion (Bois-Rouge et Le Gol), une en Guadeloupe (Gardel) et une en Martinique (Le Galion). Ces installations produisent annuellement environ 230 000 tonnes de sucre, majoritairement destiné au marché local et européen sous quota préférentiel.
Le secteur développe activement la valorisation énergétique de la biomasse cannière. La bagasse, résidu fibreux de la canne, alimente des centrales de cogénération produisant électricité et vapeur. Cette diversification représente un enjeu majeur pour la durabilité économique des exploitations, avec des revenus complémentaires estimés à 50 euros par tonne de canne.
Le secteur fait face aux défis du changement climatique, avec une intensification des épisodes cycloniques et des variations pluviométriques. Les stratégies d'adaptation incluent le développement de variétés plus résistantes, l'amélioration des systèmes d'irrigation et la diversification des assolements. L'agroforesterie et les cultures intercalaires émergent comme solutions prometteuses.
La modernisation du secteur s'accélère avec l'adoption de nouvelles technologies. La récolte mécanisée progresse, atteignant 85% de la superficie à La Réunion. L'agriculture de précision, utilisant GPS et capteurs, optimise les apports d'intrants. Ces innovations visent à compenser la raréfaction de la main-d'œuvre et à améliorer la compétitivité face à la concurrence internationale.
| Région | Surface (ha) | Production (tonnes) | Rendement (t/ha) |
|---|---|---|---|
| La Réunion | 25 000 | 1 800 000 | 72 |
| Guadeloupe | 3 500 | 210 000 | 60 |
| Martinique | 2 800 | 168 000 | 60 |
| Guyane | 800 | 40 000 | 50 |