La pêche en eau douce représente une activité économique spécialisée dans l'exploitation des ressources halieutiques des lacs, rivières, étangs et autres cours d'eau intérieurs. Cette pratique professionnelle, codifiée sous le NAF 0312Z, constitue un secteur traditionnel français qui allie techniques ancestrales et méthodes modernes de capture et d'élevage piscicole.
La pêche professionnelle en eau douce se distingue par sa diversité d'approches et d'espèces ciblées. Les pêcheurs exploitent principalement les sandres, brochets, carpes, tanches, gardons et perches, selon les écosystèmes locaux et la demande du marché.
Les professionnels du secteur exercent généralement dans trois environnements distincts. Les étangs piscicoles représentent l'activité la plus structurée, avec des cycles de production contrôlés. La pêche en rivières et fleuves nécessite des autorisations spécifiques et respecte des quotas stricts. Les lacs naturels et artificiels offrent des opportunités saisonnières variables selon les régions.
L'activité mobilise des équipements adaptés aux spécificités des eaux douces : filets maillants, nasses, verveux et lignes de fond. Les embarcations légères et les véhicules amphibies facilitent l'accès aux zones de pêche. L'investissement moyen pour une exploitation individuelle oscille entre 25 000 et 80 000 euros selon l'envergure de l'activité.
La France compte environ 600 pêcheurs professionnels en eau douce, principalement concentrés dans certaines régions privilégiées par leurs ressources hydrographiques.
La Nouvelle-Aquitaine domine avec près de 180 exploitations, bénéficiant de nombreux étangs en Gironde et Landes. L'Auvergne-Rhône-Alpes concentre 120 professionnels, notamment autour des lacs alpins et du bassin rhodanien. La Bourgogne-Franche-Comté et le Grand Est complètent ce panorama avec respectivement 85 et 70 exploitations actives.
| Bassin | Espèces principales | Production annuelle (tonnes) |
|---|---|---|
| Loire et affluents | Sandre, brochet, carpe | 450 |
| Rhône | Silure, sandre, carpe | 320 |
| Étangs de Sologne | Carpe, tanche, brochet | 280 |
| Lacs alpins | Omble, corégone, perche | 180 |
L'exercice professionnel de la pêche en eau douce impose le respect d'une réglementation complexe, articulée autour de plusieurs niveaux de contrôle administratif et environnemental.
Tout pêcheur professionnel doit détenir une licence de pêche professionnelle en eau douce délivrée par la préfecture du département d'exercice. Cette autorisation, renouvelable annuellement, conditionne l'accès aux zones de pêche et fixe les quotas autorisés par espèce.
Les périodes de reproduction font l'objet d'interdictions temporaires strictes, généralement entre février et mai selon les espèces. Les débits écologiques minimums et les températures d'eau conditionnent également les autorisations de pêche. Les zones Natura 2000 imposent des protocoles de pêche spécifiques pour préserver la biodiversité aquatique.
Les pêcheurs professionnels en eau douce relèvent de la convention collective nationale des marins-pêcheurs (IDCC 2594), bien qu'adaptée aux spécificités des eaux intérieures.
Les professionnels cotisent au régime général de la Sécurité sociale, contrairement aux marins-pêcheurs en mer. Le statut d'exploitant agricole reste possible pour les propriétaires d'étangs piscicoles développant des activités d'élevage complémentaires.
Le secteur propose plusieurs parcours de formation : CAPA productions aquacoles, Bac Pro aquaculture, ou BTSA aquaculture. Ces diplômes intègrent les techniques de pêche, la gestion environnementale et la commercialisation des produits aquatiques.
Le marché français du poisson d'eau douce génère un chiffre d'affaires annuel de 12 millions d'euros, avec une production totale atteignant 1 850 tonnes par an.
La commercialisation s'effectue principalement via les marchés locaux et la vente directe, représentant 60% des débouchés. Les grossistes spécialisés et la restauration traditionnelle constituent les autres canaux privilégiés. Le prix moyen au producteur varie de 4,50 euros à 8,20 euros par kilogramme selon les espèces et la saisonnalité.
Certains professionnels développent des activités de transformation : fumage, conserves, plats préparés. Cette diversification permet d'augmenter la valeur ajoutée de 40 à 70% par rapport à la vente de poisson frais.
L'avenir de la pêche professionnelle en eau douce dépend largement de sa capacité d'adaptation aux contraintes environnementales croissantes et aux évolutions des marchés de consommation.
Les professionnels intègrent progressivement des pratiques durables : sélectivité accrue des engins de pêche, respect des tailles minimales, participation aux programmes de repeuplement. Ces démarches conditionnent l'obtention de labels de qualité et l'accès aux aides publiques.
L'utilisation de sonars, GPS et applications mobiles optimise l'efficacité des campagnes de pêche. La traçabilité numérique répond aux exigences réglementaires et commerciales croissantes. Ces investissements technologiques représentent un coût supplémentaire de 8 000 à 15 000 euros pour une exploitation moyenne.
Nombreux sont les professionnels qui complètent leurs revenus par des activités d'accueil : pêche accompagnée, stages d'initiation, hébergement rural. Cette diversification peut générer jusqu'à 30% du chiffre d'affaires total des exploitations les mieux positionnées géographiquement.