L'activité des géomètres en France représente un secteur professionnel hautement spécialisé, encadré par le code NAF 7112A. Ces professionnels interviennent dans la mesure, la délimitation et la représentation de la propriété foncière, jouant un rôle crucial dans l'aménagement du territoire et les transactions immobilières. Avec plus de 3 000 géomètres-experts libéraux recensés en France et environ 15 000 salariés dans le secteur, cette activité génère un chiffre d'affaires annuel dépassant 2,5 milliards d'euros.
Les géomètres réalisent principalement des opérations de bornage de propriétés, activité exclusive des géomètres-experts. Cette mission consiste à déterminer les limites exactes d'une propriété foncière en s'appuyant sur les titres de propriété et les relevés topographiques. Le bornage amiable représente environ 60% de l'activité du secteur, tandis que 15% concernent les bornages judiciaires ordonnés par les tribunaux.
Les professionnels du code NAF 7112A effectuent des levés de terrain pour établir des plans topographiques précis. Ces relevés servent aux architectes, urbanistes et aménageurs pour leurs projets de construction ou d'infrastructure. L'utilisation croissante du GPS différentiel et des drones permet aujourd'hui d'atteindre une précision centimétrique sur de grandes surfaces.
L'exercice de certaines activités du géomètre nécessite le titre de géomètre-expert, profession libérale réglementée inscrite à l'Ordre des géomètres-experts. Ce statut permet seul de réaliser les opérations de bornage, les divisions foncières et l'établissement de documents d'arpentage ayant valeur probante. Les autres activités de topographie peuvent être exercées par des géomètres topographes salariés ou des entreprises spécialisées.
L'accès à la profession exige un cursus spécifique : diplôme d'ingénieur géomètre (INSA, ESGT, ENSG) ou master en géomatique, suivi de deux années de stage professionnel. L'examen d'aptitude aux fonctions de géomètre-expert, organisé annuellement, affiche un taux de réussite d'environ 75%. Actuellement, 120 nouveaux géomètres-experts sont diplômés chaque année en moyenne.
Les salariés du secteur relèvent de la Convention collective nationale des cabinets de géomètres-experts et de topographes (IDCC 1486), étendue par arrêté ministériel. Cette convention, signée le 13 juillet 1995, s'applique aux entreprises dont l'activité principale correspond au code NAF 7112A.
| Catégorie | Coefficient | Salaire minimum conventionnel |
|---|---|---|
| Géomètre débutant | 310 | 2 150 € |
| Géomètre confirmé | 380 | 2 640 € |
| Géomètre expert salarié | 450 | 3 125 € |
| Dessinateur CAO | 280 | 1 945 € |
La convention prévoit des indemnités de déplacement majorées compte tenu de la nature itinérante du métier, ainsi qu'une prime d'ancienneté progressive. Les géomètres bénéficient également d'une formation continue obligatoire de 20 heures annuelles, prise en charge par l'employeur.
Le secteur connaît une transformation numérique accélérée avec l'adoption du BIM (Building Information Modeling) et des technologies de scanner 3D. Ces outils permettent de créer des modèles numériques précis et facilitent la collaboration avec les autres acteurs du BTP. Plus de 70% des cabinets ont investi dans ces technologies depuis 2020.
L'intelligence artificielle révolutionne le traitement des données géographiques. Les algorithmes de reconnaissance automatique permettent d'analyser les images satellites et les photographies aériennes pour détecter les modifications du territoire. Cette automatisation réduit de 30% le temps de traitement des levés topographiques complexes.
L'Île-de-France concentre 22% des géomètres-experts français, suivie par les régions Auvergne-Rhône-Alpes (14%) et Provence-Alpes-Côte d'Azur (11%). Cette répartition reflète la densité du marché immobilier et l'intensité des projets d'aménagement. Les zones rurales maintiennent néanmoins une demande soutenue pour les opérations de bornage agricole.
Le marché des énergies renouvelables représente un nouveau débouché majeur, avec les projets éoliens et solaires nécessitant des études topographiques approfondies. Les géomètres interviennent également dans les projets d'infrastructure (lignes ferroviaires, autoroutes) qui génèrent 15% du chiffre d'affaires sectoriel. La cartographie des réseaux enterrés constitue un marché émergent, stimulé par les obligations réglementaires de géoréférencement.
La lutte contre l'artificialisation des sols crée de nouveaux besoins d'expertise en mesure foncière environnementale. Les géomètres développent des compétences en évaluation des zones humides et cartographie de la biodiversité. Le marché de la rénovation énergétique génère également une demande croissante pour les relevés de bâtiments existants.
Le secteur fait face à un défi démographique avec 40% des géomètres-experts âgés de plus de 55 ans. Les écoles d'ingénieurs géomètres forment annuellement 300 diplômés, insuffisant pour renouveler les effectifs. Cette tension favorise l'augmentation des rémunérations et l'attractivité des carrières techniques spécialisées.