L'activité de cokéfaction, classée sous le code NAF 1910Z, représente un secteur industriel spécialisé dans la transformation du charbon en coke métallurgique. Cette industrie lourde joue un rôle crucial dans la chaîne de production sidérurgique française, fournissant le combustible et l'agent réducteur indispensables à la fabrication de l'acier. Les installations de cokéfaction transforment le charbon à coke dans des fours spéciaux à haute température, produisant ainsi du coke, du gaz de cokerie et divers sous-produits chimiques valorisables.
La France compte actuellement trois sites de cokéfaction en activité, concentrés dans les régions historiques de la sidérurgie. Ces installations sont principalement situées à Dunkerque, Fos-sur-Mer et Florange, représentant une capacité de production annuelle d'environ 4,5 millions de tonnes de coke. Le secteur emploie directement près de 1 200 personnes et génère un chiffre d'affaires annuel estimé à 800 millions d'euros.
Cette industrie est intrinsèquement liée à la production d'acier, car le coke constitue le principal combustible des hauts-fourneaux. Chaque tonne d'acier nécessite environ 450 kilogrammes de coke, ce qui explique l'implantation géographique des cokeries à proximité immédiate des complexes sidérurgiques.
La cokéfaction consiste à chauffer du charbon à coke dans des fours étanches à une température comprise entre 1000°C et 1100°C, en l'absence d'air pendant 14 à 18 heures. Ce processus de distillation permet d'éliminer les matières volatiles du charbon et d'obtenir un coke aux propriétés mécaniques et chimiques adaptées à l'usage sidérurgique.
L'activité génère plusieurs sous-produits à forte valeur ajoutée. Le gaz de cokerie, riche en hydrogène et en méthane, est utilisé comme combustible dans les installations industrielles. Les goudrons et les eaux ammoniacales sont traités pour récupérer des composés chimiques comme le benzène, le toluène ou le sulfate d'ammonium, destinés à l'industrie chimique.
| Produit | Rendement moyen | Utilisation principale |
|---|---|---|
| Coke métallurgique | 75-80% | Sidérurgie |
| Gaz de cokerie | 15-20% | Combustible industriel |
| Goudrons | 3-4% | Industrie chimique |
| Eaux ammoniacales | 8-10% | Engrais, produits chimiques |
Les entreprises de cokéfaction relèvent de la Convention collective nationale de la métallurgie (IDCC 3109), qui s'applique à l'ensemble des activités de transformation des métaux. Cette convention, signée le 16 janvier 1979 et régulièrement mise à jour, définit les conditions de travail, les grilles salariales et les dispositions sociales spécifiques au secteur.
Compte tenu de la pénibilité du travail en cokerie, les salariés bénéficient d'avantages particuliers. Le travail en équipes successives est organisé selon un système de rotation, avec des majorations salariales pour le travail de nuit et les jours fériés. La convention prévoit également des dispositions renforcées en matière de formation professionnelle et de reconversion.
Les installations de cokéfaction sont soumises à la réglementation des Installations Classées pour la Protection de l'Environnement (ICPE) avec autorisation préfectorielle. Elles relèvent du régime d'autorisation avec servitudes d'utilité publique en raison des risques technologiques et des émissions atmosphériques.
Les cokeries doivent respecter des seuils d'émission stricts concernant les poussières, les composés organiques volatils et les oxydes d'azote. Un système de surveillance continue des rejets atmosphériques est obligatoire, avec transmission régulière des données aux autorités de contrôle.
Le secteur fait face aux enjeux de décarbonation de l'industrie sidérurgique. Les investissements portent sur l'amélioration de l'efficacité énergétique des fours et le développement de technologies alternatives comme la réduction directe à l'hydrogène. Ces évolutions technologiques nécessitent des investissements considérables, estimés à plusieurs centaines de millions d'euros par site.
La production française de coke représente environ 60% des besoins nationaux, le complément étant importé principalement d'Allemagne et de Pologne. La compétitivité du secteur dépend largement du coût des matières premières et des contraintes environnementales, variables selon les pays producteurs.
L'industrie de la cokéfaction requiert des compétences techniques pointues. Les principaux métiers incluent les conducteurs de fours de cokerie, les techniciens de maintenance industrielle spécialisés dans les équipements haute température, et les ingénieurs procédés. La formation s'effectue généralement par apprentissage interne, complétée par des formations techniques dispensées par les centres spécialisés de la métallurgie.
La digitalisation des processus industriels transforme les métiers traditionnels. Les opérateurs doivent maîtriser les systèmes de contrôle-commande informatisés et les outils de maintenance prédictive, nécessitant une formation continue adaptée aux évolutions technologiques.